Histoire d'Amérique (Les 20 ans de Cholet Basket - OF 18/06/95)
Warner, le lévrier des Mauges
La saga américaine de Cholet basket est haute en couleur. Elle fut aussi, du moins quand CB s'installa au niveau de l'élite, rude et impitoyable. Au niveau financier s'entend. Mais c'est une riche histoire. Raccourci.
Qui c'est le plus fort ? Qui c'est le plus sympa ? Qui c'est le plus drôle ? Qui c'est le plus enthousiaste ? Qui c'est le plus classe ? Le feuilleton « Cholet Basket et ses Ricains » est somme toute un classique du genre. Avec néanmoins un paramètre incontournable au niveau de l'intégration au pays des Mauges. Pas évident de s'adapter à la vie d'une petite ville quand vous êtes originaire d'une mégalopole US.
Graylin Warner a fait fi de ce genre de considération. II reste sans aucun doute I'homme qui a fait monter l'adrénaline. L'Américain se fondit immédiatement dans le moule. Et les gens des Mauges adoraient ce comportement d'extraverti réservé. Pourtant, quand Michel Léger le vit débarquer à la Meilleraie, le président eut une grande frayeur. Ce personnage fluet qui rendait un nombre important de kilos à ses adversaires ne pouvait pas être l'homme providentiel. On connaît la suite.
II arriva en cours de saison 86/87, pour remplacer un quelconque Ed Catchings (2 matches seulement) qui avait lui même succédé au rigoureux Calvin Duncan (un garçon qui ne se séparait jamais de sa bible). Associé au grand John Shasky, un garçon sobre mais un peu lent, Warner précipita le déclic qui allait propulser CB au plus haut niveau.
Pour beaucoup de Choletais, Warner, immédiatement surnommé le « lévrier des Mauges » reste aujourd'hui le meilleur. L'année suivante, avec Kenny Austin, le truculent Californien, Cholet allait disputer (et perdre) les finales du Tournoi des As à Tours et du championnat de France contre Limoges. Les Mauges en délire pour une première saison en N 1A. Avec en prime bien entendu une première qualification européenne.
Jones, Lockhart et Karnishovas
Mais Austin en proie à de sérieux problèmes de genou, abandonna son compère quelques mois plus tard. Un certain Costner, véritable mastodonte, fut mis à l'essai avant que le choix ne se porte sur Orlando Graham, un gros bébé joufflu qui sortit d'ailleurs un match d'enfer lors de la mémorable victoire contre le Real Madrid.
L'imprévisible John Devereaux qui avait remplacé Austin donna du fil à retordre à Jean-Paul Rebatet. D'autant plus qu'au départ de sa 2ème saison (90/91), CB qui avait été renforcé par Courtinard était donné comme un des favoris pour le titre national.
Le Bahaméen lan Lockhart prit le relais lors de la dernière année de Warner à Cholet.
Puis Randy Allen et Curtis Kitchen posèrent leurs sacs à la Meilleraie. Tony Dawson et Dave Feitl assurèrent des intérims. Exit aussi tout ce beau monde, pour démarrer la saison 93/94 avec Winston Crite et l'impressionnant Mike Jones. Crite, rapidement blessé, fut remplacé par le Dominicain José Vargas. Mais cette demi-finale européenne perdue contre Vitoria à Cholet fut une énorme désillusion.
Un peu comme le rendement de la paire américaine de cette saison qui s'achève. Tellis Frank, Champion d'Italie avec Caserte, et Dennis Hopson, un ancien de la NBA comme son compatriote, apparaissaient comme des gens performants. Ce fut le cas en début de saison. Un duo très sûr. Mais à Antibes, lors du match aller les deux Américains, méconnaissables parce que blessés, annoncèrent une fin de saison cafouilleuse. Chad Scott n'était pas de taille à faire oublier l'un ou l'autre. Tony Farmer et Arturas Karnishovas, un Lituanien expatrié aux USA, tentèrent de faire illusion. Avant que Joe Courtney ne remplace son compatriote Farmer dans la dernière ligne droite d'une saison qui aura laissé sur sa faim le public des Mauges.
Quelques étranqers...
Le premier Américain à débarquer à CB, et non à Cholet, fut l'affable Denis Calzonetti. Le frère de Carmine, remarquable gâchette challandaise et nantaise s'il en fut. « Un garçon très convivial, toujours prêt à rendre service, se souvient Thierry Chevrier. II était très proche des jeunes joueurs. Il évoluait en équipe 2, règlement oblige. Il resta deux saisons à Cholet. Nous étions en Honneur, puis en Excellence région. »
II y eut ensuite Momir Zagorac. Mais le Yougoslave était naturalisé. Puis James Sarno, en N III, curieusement naturalisé celui-là. Puis Nicky White, toujours naturalisé, l'année de l'accession en N II.
Le premier joueur Américain aura été en quelque sorte Rudy Jackson. Un garçon pétrii de talent et doté d'un gros volume physique. Une machine à shooter. Au détriment du collectif il va de soi. Ce fut les premières grandes soirées dans le "Chaudron" de Du Bellay.
L'année suivante, le trop lourd George Melton ne fut pas retenu. Et c'est Jean-Jacques Keriquel qui eut à choisir entre Jim Grady et le sculptural Forman. Son choix se porta sur cet Américain blanc, véritable gentleman. Grady n'a laissé que de bon souvenirs dans les Mauges. C'était le type parfait du Monsieur loyal.
Tom Becker, un Américain toujours, prendra ensuite les commandes techniques de C.B. C'est lui qui fera monter le club au plus haut niveau. II fut même remercié... 48 heures avant d'être réintégré dans ses fonctions. Auparavant Becker avait fait venir son compatriote, Michael Payne. Ce garçon eut beaucoup de difficultés à s'intégrer et surtout à rentrer dans le rythme de cette formation choletaise. Mais ce chic type termina la saison avec un rare professionnalisme. Parfait coéquipier, il était humainement de la lignée de Grady.
(Extrait du livre " Les 20 ans de Cholet Basket " de Ouest-France - Juin 1995)