Tom BECKER

Né le 23 janvier 1950 à New York (USA), Tom Becker a d'abord effectué une solide carrière de joueur universitaire, en Californie, avant de rapidement se sentir destiné par une carrière de coach. A l'instar de son frère qui fut officier dans la Navy, il aurait néanmoins pu en être autrement...

En réalité, c'est aussi un "cerveau" que s'apprête à accueillir Cholet Basket, car l'Américain est diplômé d'économie politique et de philosophie. Des domaines qui paraissent en l'état relativement éloignés des cadres sportifs, et du basket en particulier, mais Tom Becker s'évertuera toujours à théoriser son sport. On l'a aussi décrit telle une crème pour les journalistes : l'homme citait volontiers Platon et d'autres philosophes dans ses conférences d'avant-match !

C'est en qualité de triple champion d'Angleterre, pays qui s'éveille alors au basket, mais également d'ex-coach des sélections autrichienne et ivoirienne, que l'Américain s'installe à Cholet en 1985. Il est alors préféré à une collection de coaches aux noms pourtant ronflants, dans le basket des années 1980. Le plus connu d'entre eux fut Jean-Paul Rebatet, qui finira effectivement par arriver dans les Mauges quelques années plus tard. En réalité, la venue de Tom Becker rentre également dans les intérêts du coach lui-même : CB lui assure en effet la possibilité de préparer un brevet d'Etat en parallèle de sa fonction d'entraîneur. Ainsi, c'est Laurent Buffard qui, tout au long de la saison 1986-87, jouera les prête-noms, Becker n'ayant pas encore les qualifications requises pour exercer en solo. Il obtiendra finalement son diplôme au cours même de cette saison 1986-87.

Dans tous les cas, l'objectif fixé par Michel Léger, le président-fondateur de CB, à son nouveau coach, est des plus clairs : faire monter CB au printemps 1986, et lui permettre d'accéder à la N1A dès le début de l'année 1987 (en 1986-1987, l'élite française est en effet en pleine refonte). La première des missions sera réalisée haut la main, puisqu'en mars 1986, CB vient à bout de Berck puis Gravelines, et valide son ticket pour l'élite, le tout en devenant champion de Nationale II.

La seconde mission, sur le papier, sera également honorée. Avec un bémol, puisque le début de saison 1986-87 est d'abord synonyme d'inquiétude quant aux capacités de CB à se hisser dans la poule haute de Nationale 1. Un soir de lourde défaite choletaise devant Antibes, à la Meilleraie, Tom Becker est même renvoyé par Michel Léger, dont on dit qu'il voulu également se séparer de son coach dès l'intersaison (des annonces de recherche de coach avaient même été éditées dans le journal l'Equipe !). Symbole de la sympathie et du soutien dont bénéficiait l'Américain : c'est son adjoint Laurent Buffard et la quasi totalité des joueurs qui demandent son maintien à la tête de CB ! En réalité, Léger et Becker avaient chacun de quoi se justifier. Le président choletais songeait avant tout à son public, et semblait alors totalement pris dans la vague qui porte CB depuis une grosse dizaine d'années. L'entraîneur, quant à lui, est avant tout conscient des exigences qui requérait la Nationale I, et considérait que les choses ne pouvaient raisonnablement se faire d'un seul claquement de doigt. En cours de saison, il se livrera même à la presse d'une façon très prémonitoire par rapport à l'épisode de l'après-match d'Antibes. " Il y a ce qu'il faut à Cholet pour monter un grand club, dira-t-il. A condition de ne pas oublier que cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut adapter les structures aux nécessités du sport professionnel ". A bon entendeur !

Dans tous les cas, et dans l'immédiat, les supporters saisissent bien que le divorce pressenti puis contredit n'est que partie remise. Si Becker termine effectivement la saison avec CB et parvient à le faire accéder à la Nationale 1A, le nom de son successeur ne sera bientôt qu'un secret de polichinelle : ce sera Jean Galle, le sélectionneur de l'équipe de France. Le départ de Tom Becker, lui, sera brutal : au printemps 1987, il lui fut même interdit de dire au-revoir à ses joueurs !

Mais ne résumer les deux saisons pleines qu'effectua Tom Becker à cette seule discorde serait faire fausse route. Ce serait notamment ignorer la formidable source d'inspiration que l'Américain constitua pour toute une série de futurs techniciens qu'il eut sous ses ordres à Cholet (Thierry Chevrier, Jacky Perigois, Eric Girard, etc...). Pour beaucoup, pouvoir disposer d'un entraîneur américain au milieu des années 1980, " c'était fou", dira même Jacky Perigois. Fou, aussi, furent les originalités qu'induit la présence de ce coach très moderne, durant deux saisons. Ainsi, il fut parfois raillé pour son trop grand nombre de changements de joueurs en match. Une pratique très américaine qui dénotait dans l'Hexagone, où les Américains avaient bien souvent pignon sur rue pour cavaler pendant 40 minutes ! Autre progrès d'un autre temps : Tom Becker généralisera largement l'usage de la vidéo dans la préparation des rencontres.

Plus discret, bien sûr, fut son retour à Cholet en qualité d'assistant d'Eric Girard, entre 1996 et 2000. Un retour où l'Américain prit au passage deux bonnes coupes de France, à Bercy. Demeuré dans la région après sa carrière, il est aujourd'hui enseignant à l'université de Nantes.