Les chefs (Les 20 ans de Cholet Basket - OF 18/06/95)
Joies et vicissitudes des penseurs
Et Yves Oger ouvrit le bal ! Nous étions en juin 1975 et Cholet-Basket qui venait juste d'être porté sur les fonts baptismaux, se dotait de son premier entraîneur. Epoque un peu folle que celle-ci, où ce co-fondateur du club, aujourd'hui président de la SAOS; emmenait ses troupes en expéditions punitives » dans les quatre coins du département. Joël Baudry et Alain Baudry, ainsi que Yves Lesur lui succédèrent, et l'on vit même le président Michel Léger manager l'équipe certains week-end ! Articulée autour d'anciens éléments de la Jeune France (N II), mais contrainte d'affirmer ses légitimes ambitions au plus bas niveau (le règlement), la formation choletaise balayait tout sur son passage, et les score fleuves en sa faveur se multipliaient.
Cinq ans après sa création, « l'ogre », comme on le surnommait, n'avait pas traîné en chemin, la nationale IV lui ouvrait les bras, et Denis Calzonetti, le frère de Carmin, brillant meneur de l'ABC Nantes, arrivait. La saison de N IV avalée d'un seul trait, dès septembre 81 le club pointait le museau à I'échelon supérieur, en même temps que débarquait dans les Mauges, l'ancien entraîneur de Challans, Jean-Jacques Keriquel. II y restera quatre années, marquées par l'accession de ses hommes en nationale II (1983), suite à deux exercices en N lII.
Plus pro, plus haut !
La nationale II, avec le titre de champion à la clé (finale remportée contre Nice), c'est Tom Becker qui la fera quitter aux Choletais, et après un passage obligé par la IB, nouvellement créée, sous sa férule, Cholet-Basket atteint son nirvana au printemps 1987 : l'élite française !
Plus pro, plus haut, la devise a été respectée à la lettre, et douze ans après ses premiers balbutiements, le CB est en IA, avec à ses commandes l'entraîneur de l'équipe de France, Jean Galle. Ce dernier marquera les Mauges de son empreinte indélébile, par le biais de succès retentissants, et installera d'entrée de jeu le club parmi les ténors du championnat, lui ouvrant conjointement les portes de l'Europe.
Nous sommes à l'automne 1989, et son successeur n'est évidemment pas un inconnu, puisqu'il était auparavant le coach du Nantes Basket Club, on veut naturellement parler de Jean-Paul Rebatet, qui vient de faire accéder Besançon à la Pro A, il y a trois semaines.
C'est finalement un Choletais d'origine, de Trémentines plus précisément, qui bouclera ces vingt premières années de Cholet Basket, Laurent Buffard.
Un Laurent Buffard qui, entre parenthèses, après avoir été l’adjoint de Tom Becker, puis celui de Jean Galle, et donc l’entraîneur en chef durant quatre ans, aura signé le plus long bail avec le club des Mauges.
Ou l'incroyable réussite de « Jean du Nord »
En ce mois de septembre 1987, il règne autour de la formation choletaise un engouement indescriptible, teinté de ce que I'on pourrait qualifier d'optimisme prudent. L'axe Valéry Demory - Graylin Warner est en parfaite adéquation, les matches amicaux ont levé certains doutes, et l'on s'accorde généralement à penser qu'avec Jean Galle à sa tête, l'équipe devrait pouvoir assurer un maintien honorable, au sein du championnat de nationale IA qui va s'ouvrir. Mais il aurait fallut être un pariait illuminé, pour pronostiquer l'incroyable parcours qui suivait cette année-là, et la suivante.
C'est celui que l'on appellerait rapidement « le sorcier des Mauges », qui allait insuffler un tel esprit commando à ses troupes, que celles-ci disputaient deux finales au terme du premier exercice, en Play-off et aux As, battues à chaque fois par Limoges. Et il ne manquait qu'un peu de réussite lors de la saison 88/89 pour Jean Galle, promu entre temps meilleur entraîneur de l'élite, ne récidive, Cholet s'inclinant en demi-finale du championnat face à Orthez, avant qu'une nouvelle fois en finale des As, il n'échoue sur le fil au Mans, sur un panier dans les ultimes secondes du Mulhousien Ron Davis.
« A jamais dans ma mémoire »
Deux années exceptionnelles, dont la seconde fut également marquée, sur la scène européenne, par de retentissants succès sur le Real Madrid du regretté Drazen Petrovic, et sur le Caserte d'Oscar Schmitt. une période dont Jean Galle parle toujours avec émotion.
« C'est inscrit à jamais dans ma mémoire, raconte t'il, non seulement au niveau des résultats, dont je retire évidemment beaucoup de fierté, mais encore en ce qui concerne l'environ nement, le relationnel. Les Mauges respirent le basket, c'était extraordinaire d'entendre les gens en parler, partout, dans la rue, au supermarché, au restaurant, et bien sûr à La Meilleraie. II y avait une incroyable communion entre le public et nous, et moi qui suis du Nord, il a presque fallu que Je me réadapte quand je suis parti. »
Époque bénie à Cholet Basket de l'éternel challenge, où toutes les passions convergeaient vers ce binôme entraîneur-joueurs, dont le charisme et les victoires rythmaient le cœur chaviré des supporters. « Avec Laurent Buffard on formait, je crois, un excellent tandem, se remémore Jean Galle, et dans l'équipe, c'était l'alchimie parfaite. Pas un matériel humain à tout casser, mais des liens très forts, une incroyable envie de se surpasser, et des jeunes qu'on aidait à éclore, comme Jim Bilba, Antoine Rigaudeau ou Maurice Brangeon. Nous étions plusieurs à n'être pas de la région, et pourtant, dans cette ambiance, nous avions l'impression de vivre vraiment chez nous. C'est un sentiment que je n'avais personnellement jamais ressenti auparavant. »
(Extrait du livre " Les 20 ans de Cholet Basket " de Ouest-France - Juin 1995)