Interview : John et Nada Stockton se confient sur leur fils Michael, meneur de Cholet

25.09.2020

Légende vivante de la NBA, dont les sorties médiatiques se comptent sur les doigts d'une main depuis sa retraite en 2003, l'ancien meneur des Utah Jazz John Stockton (58 ans) a accepté, pour Le Courrier de l'Ouest, d'évoquer la carrière de son fils Michael Stockton, meneur de jeu à Cholet. Son épouse Nada Stockton livre également quelques petits secrets familiaux sur les rapports père-fils.

Pouvez-vous décrire votre fils Michael en quelques mots ?

John Stockton : « Résumer Michael en quelques lignes n'est pas possible. Il essaye constamment de tout faire pour le bien de tout le monde. Si vous aimez le regarder jouer, vous serez heureux de savoir qu'en tant que personne, il est exactement ce que vous espérez qu'il soit. Il se soucie des gens et leur consacre du temps. Il travaille dur, joue dur et aime bien faire les choses. »

Nada Stockton : « Michael est authentique. Ce que vous voyez est ce qu'il est. Il travaille extrêmement dur et est très motivé pour s'améliorer et tourné vers son entourage. Pour lui, chaque situation est une source d'apprentissage, même quand il est assis sur un banc de touche. Il a toujours été très utile pour ses frères et sœurs. Il voue un amour incommensurable à sa famille. Petit, il était toujours le premier à dire qu'il irait à l'épicerie pour me dépanner. Il aidera toujours n'importe qui à n'importe quel moment. »

Comment était-il enfant : plutôt sérieux ou tête en l'air ? Et peut-on dire qu'il a grandi dans l'ombre de son père ?

John Stockton : « Enfant, Michael était très verbal et très occupé. Il parlait tout le temps et avait un vocabulaire important. Il adorait avoir des conversations avec des adultes, même des étrangers sans être un gamin embêtant. Il a toujours fait du sport : du football américain, du basket, du base-ball, du soccer, du ski nautique, du tennis, du golf. Il a testé tout ce qu'il pouvait faire. Et il avait le don d'être assez bon dans tout ce qu'il faisait. Il aimait aussi me regarder jouer et adorait pouvoir jouer sur les paniers du Delta Center (Ndlr : la salle des Utah Jazz) après les matchs. Il me semble qu'il n'a jamais semblé affecté par des comparaisons ou des attentes parce qu'il est mon fils. Au contraire, il a tracé son propre chemin en restant lui-même. »

Nada Stockton : « Il a toujours été un garçon très social, respectueux, attentionné, prévenant et… bavard. Dès l'âge de deux ans, il parlait avec les plus grands ! Et il parlait bien puisqu'il faisait déjà des phrases complètes à un an et demi. Il a toujours été très sportif. Il adorait tous les sports et était capable de donner les statistiques de n'importe quel joueur dans n'importe quel sport. Michael savait exactement ce que son père faisait, il ne le cachait pas mais ne s'en vantait pas. Je n'ai jamais senti que Michael grandissait dans l'ombre de qui que ce soit. »

« Dans l'esprit de Michael, perdre n'était pas une option »

Comment Michael a-t-il vécu le fait d'être comparé à son père quand il a commencé à jouer au basket ?

Nada Stockton : « Être comparé à son père était un compliment pour Michael. Un défi aussi pour l'aider à devenir meilleur. À sa façon. Il disait : « oui, mon père est vraiment bon et je veux essayer d'être comme lui ». Tout comme chaque enfant qui grandit. Il a toujours été très fier de son père et des réalisations de toute sa famille. Cela n'a jamais été négatif pour lui. »

Était-il un enfant à bêtises ?

Nada Stockton : « Nous n'avons jamais eu beaucoup de problèmes avec lui. Ce qui pouvait lui causer des ennuis, c'est sa compétitivité. Il détestait perdre et parfois cela provoquait des bagarres avec ses frères et sœurs. Dans son esprit, perdre n'était pas une option. Il lui est peut-être arrivé de sonner à la porte des gens avec ses copains de lycée, mais tout était amusant et innocent. Michael sait de quoi je parle ! »

John Stockton : « Non, Michael n'a pas fait beaucoup de bêtises… en tout cas, nous n'en avons pas connaissance. Il a dû en faire, mais je n'ai jamais eu à craindre que cela provoque quelque chose de mal. »

Nada, avec la médiatisation de votre époux John, a-t-il été aisé d'inculquer à Mike les valeurs d'humilité qui sont les siennes aujourd'hui ?

Nada Stockton : « Cela demande du travail, n'importe quel parent peut vous le dire. Michael a grandi en regardant son père sur et en dehors du terrain et comment il se conduisait dans toutes les situations. Il a beaucoup appris en le regardant. Il a également appris de ses grands-parents des deux côtés. Ils étaient tous d'excellents modèles pour nos enfants et pour nous en tant que parents. En tant que parents, nous avons travaillé très fort pour inculquer les bonnes valeurs à tous nos enfants et nous avons été très chanceux d'avoir eu les parents que nous avions. »

« Je l'aurais aussi imaginé skieur nautique professionnel »

À votre avis, Michael aurait-il pu réussir dans un autre sport que le basket ?

John Stockton : « Comme je l'ai mentionné, il était assez bon dans tout ce qu'il a essayé athlétiquement. Ce n'est que lorsqu'il s'est engagé uniquement dans le basket, à l'université, qu'il a commencé à devenir un très bon basketteur. Mais il aurait pu choisir un autre sport parce qu'il est alerte, intelligent et attentif aux détails. Il pouvait réussir n'importe dans n'importe quelle profession s'il l'avait désiré. Il a une mémoire extraordinaire qu'il articule sur commande qui se prête à de nombreuses professions, notamment sportives. »

Nada Stockton : « Absolument. Michael a toujours été très athlétique. Il excellait dans de nombreux sports, et pas toujours parce qu'il avait le talent ou la taille. Il a juste travaillé dur, pratiqué et s'est amélioré. Il a toujours fait des efforts supplémentaires pour s'améliorer sur le plan sportif et il a toujours aimé la compétition. De tous les sports qu'il a pratiqués, le basket a toujours été son préféré. Il pourrait certainement avoir un autre travail que celui de joueur. Je pourrais l'imaginer être le directeur général d'une équipe sportive professionnelle, un animateur sportif, un skieur nautique professionnel ou un entraîneur. »

À partir du moment où il a décidé de devenir basketteur professionnel, était-il obligatoire de traverser l'Atlantique et de venir en Europe pour s'épanouir ?

John Stockton : « Oui, il le fallait pour poursuivre sa propre carrière. Michael est sorti d'une très petite université (Westminster dans l'Utah) et ne « ressemblait » pas à un joueur de niveau NBA. Quand il a affronté des joueurs NBA, il a fait de bons trucs, il a aussi eu des opportunités en G-League ou pendant les Ligues d'été, mais cela n'a pas débouché sur une carrière américaine. Il a dû se battre pour construire sa carrière. Cela passait une installation à l'étranger. »

Nada Stockton : « Dès l'école primaire, Michael s'était fixé des objectifs réalistes. Quand il les a atteints, il s'en est fixé de nouveaux, plus élevés, afin de passer au niveau suivant. Après l'université, le niveau suivant était pour lui de jouer en Europe. C'est là qu'il s'est vraiment épanoui et a perfectionné ses compétences. Je pense qu'il aurait travaillé dur pour atteindre ses objectifs quel que soit le continent sur lequel il se trouvait. »

« Son père connaît quelques trucs sur le rôle d'un meneur de jeu… »

Êtes-vous surpris par ses choix de carrière ?

John Stockton : « Absolument pas. Je vois le travail qu'il fait. Je vois à quel point il se soucie du jeu de basket lui-même, du succès de son équipe, du succès de ses coéquipiers, de ses propres améliorations et contributions sur et hors du terrain. Il a trouvé une excellente formule pour réussir, à mon avis. Globalement, Michael n'a jamais manqué de confiance. Il a toujours cru en lui-même, mais a également eu une bonne dose d'autocritique. Il peut être trop dur avec lui-même. Les expériences de vie, je pense, lui ont appris l'humilité. Il comprend en tant que joueur et en tant que personne qu'il est en perpétuelle construction. »

Nada Stockton : « Non pas du tout. Dès son plus jeune âge, on a pu voir l'engagement et le dévouement de Michael pour tout ce qu'il entreprenait et pour tous ceux qu'il connaissait ou rencontrait. Il a toujours travaillé dur non seulement pour s'améliorer, mais aussi pour améliorer ses frères et sœurs, ses amis, sa famille, ses coéquipiers et ses équipes. Tout cela sont des qualités que Michael possède depuis son plus jeune âge. »

Quels conseils lui donnez-vous sportivement sur son rôle de meneur de jeu ?

John Stockton : « Je donne des conseils à Michael uniquement lorsqu'il me le demande, ce qui n'est pas souvent le cas. La plupart du temps, nous parlons beaucoup de choses et d'autres. Lui et moi passons beaucoup de temps ensemble pendant les périodes de trêves. Là, il est beaucoup question de basket. Nous partageons nos points de vue. Aucun de nous n'est trop vieux pour apprendre. »

Nada Stockton : « Mon conseil pour Michael a toujours été d'écouter et d'apprendre de son père… John était le meilleur modèle et il connaît quelques bons trucs sur le rôle d'un meneur de jeu ! »

« Autour de la table, il est beaucoup question de basket »

Avec vos six enfants, presque tous basketteurs, de quoi parlez-vous autour de la table familiale ? De basket ?

Nada Stockton : « Quand nous sommes à la maison autour de la table du dîner, nous discutons beaucoup de basket. C'est évident parce que c'est une grande partie de notre vie quotidienne. Effectivement, tous nos six enfants sont actuellement plongés ou ont joué au basket à différents niveaux. Durant le confinement, nous avons eu la chance d'avoir tous nos enfants à la maison et d'avoir accès à une salle de sport où ils ont tous pratiqué ensemble. Ce fut un excellent moment en famille. Chaque soir, nous avions énormément de choses à nous raconter : qui a gagné, qui a perdu, qui a triché, qui a voyagé, qui pleurnichait, qui a été désagréable… Mais le basket n'est pas tout. Il y a beaucoup d'amour autour de notre table. »

John Stockton : « Il est évidemment beaucoup question de basket. Nos six enfants ont tous joué ou jouent encore. Nous aimons tous le jeu. Nous n'évitons pas le sujet, nous ne l'encourageons pas, mais il revient régulièrement. Lorsque tout le monde est ensemble pour le dîner, nous avons généralement des plaisanteries amusantes et animées. Nous nous taquinons. C'est toujours intéressant… du moins pour nous. »

Tristan BLAISONNEAU

Source : Le Courrier de l'Ouest - Jeudi 24 septembre 2020

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