Défenseur réputé, l'arrière choletais Abdoulaye N'Doye (1,99 m, 22 ans) a démontré cette saison des progrès manifestes en attaque, et élargi son registre. De quoi lui ouvrir les portes d'un candidat au titre, voire de la NBA ?

Un petit quizz pour commencer : Savez-vous combien de joueurs de Jeep® ÉLITE ont tourné à plus de 10 points, 4 rebonds et 4 passes décisives de moyenne lors de l'exercice écoulé – et écourté ? Vous pensez peut-être à l'ultra-polyvalent Blake Schilb (Châlons-Reims), à Donta Smith (Boulogne-Levallois) le seul ayant réalisé un triple double cette saison, ou bien à son coéquipier et formidable touche-à-tout, Briante Weber ?

En réalité, ces trois-là, ont raté ces paliers de très peu.

Non, le seul à avoir réalisé ces statistiques moyennes est un joueur français de 22 ans, Abdoulaye N'Doye.

Il y a encore peu de temps, le Nordiste était surtout réputé pour ses qualités de stoppeur. Son père, l'ancien joueur pro Oumar N'Doye, qui fut l'un de ses premiers entraîneurs du côté de Grande-Synthe dans le Nord lui avait inculqué les vertus de la défense. « Quand j'étais petit, j'étais un joueur assez complet des deux côtés du terrain », décrit Abdoulaye. « Je ne jouais pas à la carotte et je ne restais pas en défense comme un défenseur central. Je donnais autant d'importance aux deux. »

Avec les équipes de France jeunes, c'est bien son volume de jeu défensif qui lui a permis de se faire une place de choix au sein de la talentueuse génération 98, double championne d'Europe chez les U16 et les U18. Abdoulaye formait alors un redoutable trident de chiens de garde avec Frank Ntilikina (New York Knicks) et Adam Mokoka (11 matches avec les Chicago Bulls cette saison). En revanche, il était peu impliqué de l'autre côté du terrain à cette époque, tournant entre 3 et 7 points de moyenne sur ses quatre grandes compétitions internationales (7e au Mondial U19 en 2017 puis 4e à l'Euro U20, à chaque fois sans Frank Ntilikina ni Sekou Doumbouya).

À Cholet Basket, qu'il rejoint à l'âge de 15 ans, Abdoulaye ne réalise pas de cartons offensifs dans les catégories cadets et espoirs, se révélant davantage comme un couteau suisse : 12,0 points, 4,8 rebonds, 4,9 passes, 2,8 interceptions dans sa dernière année espoirs en 2016-17. La même saison, Philippe Hervé lui offre ses premières minutes chez les pros, puis un vrai rôle dans la rotation en 2017-18. Avec l'objectif d'arrêter le meilleur scoreur adverse. Comme lors de ce déplacement à Levallois en novembre 2017. Ce soir-là, Philippe Hervé lance son arrière de 19 ans dans le cinq avec une mission bien précise, tenir Klemen Prepelic sous la barre des dix d'évaluation. Le Slovène finit la rencontre avec 9 d'éval', et les Choletais repartent victorieux du Palais des sports Marcel Cerdan grâce à une prestation défensive haut de gamme (67-55).

Ces dernières saisons, Abdoulaye N'Doye a toujours été le meilleur défenseur sur les lignes arrières choletaises, usant de sa vitesse de jambe et de ses 2,19 m d'envergure pour s'occuper personnellement des meilleurs scoreurs de la Jeep® ÉLITE et aider ses coéquipiers dans la panade. Son abattage défensif a été important pour traverser les années difficiles qu'ont connu les Choletais. Car il a fallu souquer ferme pour décrocher le maintien en 2018 et 2019. Avec Erman Kunter, il a découvert une autre philosophie défensive, davantage basée sur les duels. « Si un joueur n'est pas venu aider sur un pick-and-roll, Erman ne va pas trop le regarder, contrairement à Philippe. Il va regarder directement le joueur qui s'est fait passer en défense », décrit-il.

Cette saison, la défense a été la clé de voute du jeu choletais. L'équipe, nettement plus athlétique que lors des derniers opus, a été construite pour défendre le fer. Une option payante puisqu'elle a obtenu des résultats bien au-delà des attentes : 6e au moment de l'interruption de la saison et quatrième meilleure défense de la Jeep® ÉLITE, derrière les trois leaders, Monaco, ASVEL et Dijon. « Erman constitue ses équipes en défense à la base avec des combattants, des morts de faim, des joueurs qui ne vont pas abandonner à -20, puis il met quelques jokers, des facteurs X », explique Abdoulaye. Sauf qu'encore une fois, N'Doye était le seul défenseur référencé sur les lignes arrière, aux côtés de Michael Stockton et Jalen Riley. « C'est pour cela que je jouais 30 minutes par match ! », sourit-il. « J'étais un des piliers dans le système défensif de l'équipe, en charge d'arrêter les joueurs adverses. Comme on switchait beaucoup, Mike (Stockton) n'aurait pas pu le faire parce qu'il aurait eu des problèmes de fautes et Jalen aussi parce qu'ils ont à peu près le même gabarit. »

Si Abdoulaye N'Doye a confirmé sa qualité intrinsèque de stoppeur, la bonne surprise est venue de l'autre côté du terrain. On savait le garçon altruiste. On connaissait aussi ses limites en attaque, tir extérieur aléatoire, manque d'agressivité vers le cercle. La première lacune a été corrigée depuis deux ans (30/78 à trois-points soit 38,5% en 2018-19, et 15/34 soit 44,1% en 2019-20). Abdoulaye s'est attelé à la seconde cette saison, en allant chercher beaucoup plus de fautes (de 1,6 à 4 fautes provoquées) et de points sur la ligne (trois lancers-francs tentés par match, le triple de la saison dernière).

Les progrès sont manifestes. Le numéro 11 représente désormais un danger des deux côtés du terrain, comme en témoignent ses 10,1 points par match à 52% de réussite globale. « Deux-trois matches ont un peu plombé mes stats, parce que j'ai eu des problèmes de fautes, mais cela reste une saison assez complète », juge-t-il. « J'ai réalisé tous les objectifs que je voulais atteindre », faisant implicitement référence à sa première sélection au All Star Game, en décembre dernier.

Sa bonne saison lui a aussi entrouvert les portes de l'équipe de France, en février dernier, en qualité de partenaire d'entraînement. « Je pense que mes progrès en attaque m'ont permis d'être appelé. Je ne suis pas uniquement un défenseur, je peux être complémentaire d'autres joueurs en attaque, comme j'étais complémentaire de Frank Ntilikina en équipe de France de jeunes. C'est un atout qu'on pourrait avoir dans le futur. Après, c'est sûr que sur un match, on peut me donner des missions défensives. »

En parlant du meneur des New York Knicks, Abdoulaye espère lui aussi rejoindre la NBA à court terme. Il est automatiquement éligible pour la draft 2020, avec toute l'incertitude régnant autour de la reprise de la saison en NBA et du décalage de la draft de plusieurs mois. « La draft, c'est la priorité. Cette année, il n'y a pas de workout mais ont fait les entretiens avec les équipes. »
Sous contrat avec Cholet jusqu'en 2021, le numéro 11 possède une clause de départ cet été, moyennant le versement d'une indemnité substantielle.

Le journal Ouest-France a révélé que Monaco faisait partie des clubs intéressés, afin de remplacer Paul Lacombe, parti à l'ASVEL. Le coach monégasque, Sasa Obradovic, a pris le soin d'appeler Abdoulaye N'Doye pour lui expliquer son projet. « Hors draft, quoi qu'il arrive, je jouerai une coupe d'Europe, dans la meilleure position possible », indique le Choletais. Signer avec un club français ou européen avec une clause NBA figure parmi ses options. Si beaucoup d'incertitudes demeurent quant à son avenir proche, une chose est sûre : Abdoulaye N'Doye a clairement changé de braquet. Et de statut.

Source : lnb.fr