Des nouvelles de : Retour sur les années d’entraîneur de Thierry Chevrier à l’ABC (1989 à 2000)
Parcours professionnel avant 1989
Tout d’abord, Thierry Chevrier effectua une grande partie de sa carrière de joueur à Cholet Basket, d’excellence départementale jusqu’à la N1A. À la fin de sa carrière, Thierry Chevrier avait la possibilité de poursuivre en tant qu’assistant à Cholet Basket, ou bien de signer à l’ABC, avec un ancien joueur de Cholet Basket, Momir Zagorac. C’est en 1989 qu’il s’engage auprès de l’ABC, en tant qu’entraîneur/joueur. En parallèle de sa carrière de joueur, il passe ses diplômes d’entraîneur afin d’obtenir le BE2 complet. Bien qu’étant engagé avec l’ABC, Thierry Chevrier continua d’encadrer l’équipe féminine de Cholet Basket jusqu’en 1992. Il fut également le créateur et le Directeur Technique de la Section Sportive du Collège Clémenceau, de 1985 à 1992. Puis de 1987 à 1992, il créa et organisa également les Camps Été de Cholet Basket.
L’entrée à l’ABC
Rappelons que l’ABC était à l’époque un club de quartier, situé à Montplaisir. Le club était présidé par Claude Ayrault depuis 1982. C’est en 1989, que Thierry Chevrier donne son engagement verbal sur deux ans auprès de Claude Ayrault et André Dejoux. La situation du club est quelque peu compliquée. Le club est en N3, a fortement besoin de se structurer, de s’organiser, et ne dispose pour autant que de très peu de moyens financiers. La ville d’Angers dispose d’une multitude de clubs, cependant aucun d’entre eux ne prédomine. Thierry Chevrier va alors amener un objectif à moyen terme au club, la montée en N2, à l’époque de la restructuration de la Pro B. Pour cela, il souhaite apporter du professionnalisme au club, afin de franchir des étapes. La direction de l’époque fut très favorable à ce projet. Le recrutement était quasi-inexistant, seul un ancien joueur de CB était arrivé. L’équipe se fondait essentiellement sur les joueurs du club. Malgré les difficultés du club, cette première année est une réussite, notamment grâce à l’implication de nombreux bénévoles qui se donnent beaucoup pour les différentes équipes. L’ABC fait un grand pas vers la montée après un match décisif contre l’équipe de Saint Herblain, où l’engouement du public est sans précédent dans la salle Montplaisir, avec environ 1500 personnes présentes. Le projet est en route, et l’ABC accède à la N2.
Les premières années
- Saison 1990/1991 :
La première année en N2, est difficile pour l’ABC. Le club ne dispose que de très peu de moyens financiers, matériels (toujours dans la salle Montplaisir) et reste toujours considéré comme un club de quartier. Cette année marque le début du professionnalisme de l’ABC en N2. Thierry Chevrier souhaite s’installer dans la durée à ce niveau, et cela passe tout d’abord par le maintien de l’équipe en N2. Malgré le peu de moyens financier, l’ABC enregistre l’arrivée d'un joueur étranger, John Rod (USA) et d’Etienne Rigaudeau qui jouait à l’époque à Trémentines. Le Début de saison est relativement compliqué avec de nombreuses défaites. Un autre joueur américain, Mike Doyle vient prendre la place de Rod en Novembre. Pour Thierry Chevrier, la fonction d’entraineur-joueur est compliquée à gérer, s’investir dans les deux tâches est difficile et éprouvant. Cependant, l’objectif principal de maintien est atteint, avec un bilan de 11 victoires et de 13 défaites.
- Saison 1991/1992 :
L’objectif principal de cette saison est de structurer l'équipe première et d’amener du professionnalisme dans toute l’organisation du club. Après la fin de ses deux années de contrat, Thierry Chevrier se voit proposer une prolongation de contrat par Claude Ayrault, qu’il accepte, mais il doit arrêter avec l’équipe féminine de CB. Il devient entraineur à temps plein, le président Claude Ayrault, lui demande de plus s'investir et d’intervenir au sein du club. Car le club avait de grosse difficulté à engager l’équipe en N2, en raison d’un manque d’effectif. Il n’y avait pas d’équipes jeunes et très peu de licenciés. La politique de l’époque de la ville favorisait davantage le football, au détriment du basket-ball. L’ABC avait du mal à se détacher de l’étiquette d’équipe de quartier. Pour remédier à ces problèmes d’effectifs, Thierry Chevrier émet une proposition de mise en place d'une école de basket à la Roseraie, sous forme de détection et formation de jeunes, le mardi à la salle de l'immaculée conception. Le club met en place une nouvelle dynamique. Les nouvelles recrues comme Franck Macaire et Laurent Bodet doivent eux aussi s'investir dans l'école de basket. Ce pari, fait polémique aux yeux des autres clubs angevins, mais l’ABC voit ses ambitions à la hausse et souhaite devenir le vrai club d’Angers. Cette nouvelle politique sur les jeunes se conclut par des inscriptions en masse, et ce projet est une vraie réussite pour le club. Le développement est si important, qu’une nouvelle école de basket est ouverte au Lac de Maine. Sept équipes supplémentaires seront engagées après janvier et le nombre de licenciés double, pour atteindre environ 250 licenciés. Cela s’explique également par l’effet des JO de 1992 à Barcelone, et l’image idolâtrée de la « Dream Team ». L’influence médiatique sur cette équipe a poussé de nombreux jeunes à s’inscrire au basket-ball.
Sur le plan sportif, cette année pour l’ABC est contrastée. Thierry Chevrier devient Responsable Technique du club en parallèle de sa fonction d’entraineur. Il parvient à remporter la Coupe de France masculine, contre Poissy, et offre ainsi à l’ABC son premier titre national. En championnat, l’équipe finira à la 6ème place. Cependant, malgré ces résultats sportifs satisfaisants, le club est touché par de nombreux problèmes. En effet, la situation financière est compliquée, il faut combler un déficit financier de 750 000 francs, et le conseil du club demande de trouver de nouveaux dirigeants, pour poursuivre « l’aventure ». Il est demandé au club de doubler son budget pour atteindre 2,5 millions de francs. Certains salaires ne pouvant plus être payés, cela entraîna une plainte de la part d’un joueur, qui emmena le club devant les Prud’hommes. De plus, le club se voit également contrarier par des problèmes internes, l’administration bloquait les informations et cela s’opposait avec la vision de Thierry Chevrier. Afin de mettre en place son projet de professionnalisation de l’ABC, Thierry Chevrier devait avoir « cartes blanches » au sein du club, pour engager toutes les démarches nécessaires. La famille emblématique du club, les Dejoux, quitta le club pour ces raisons. Cette fin de saison est complexe, malgré les progrès sur l’augmentation de licenciés et le bon parcours sportif, cela se termine sur un contexte difficile, notamment financier. Le club est au bord du gouffre.
- Saison 1992/1993 :
Cette saison marque un tournant pour le club de l’ABC. Bien que certaines difficultés persistent, notamment financières, l’ABC va se « reconstruire ». Cela passe notamment par le soutien de Daniel Raoul, adjoint au sport (sénateur à présent). La mairie accepte d’aider l'ABC, mais pour cela, le club a besoin de se structurer, d’être contrôlé. Grâce à l’aide de la mairie, le club repart financièrement à zéro, car celle-ci va combler la dette du club. La demande de la mairie, de se structurer, passe notamment par l’installation de l’ABC dans la salle Jean Bouin qui s’effectuera officiellement l’année d’après. La restructuration du club passe également par l’arrivée de nouveaux dirigeants. Thierry Chevrier rencontra de nombreux chefs d’entreprise, pour trouver de nouveaux dirigeants. C’est ainsi que Patrick Gautier intègre le club de l’ABC, et est chargé des relations publiques. L’ABC aura également le soutien du PDG de Leclerc, qui accepte d’investir pour le club. Ces investissements vont permettre aux clubs d’engranger suffisamment de fond pour repartir en N2. Cependant, c’est une saison très tendue à cause de l’aspect économique, et la rigueur est le mot d’ordre. L’ABC va faire avec les moyens du bord pour continuer.
Du point de vu sportif, cette saison verra l’organisation de camps d’été pour continuer d’attirer de potentiels licenciés. Trois stages seront organisés durant le mois de Juillet, avec plus de 150 jeunes présents. Les JO de 1992 contribuent encore à favoriser l’engouement du basket-ball. L’année est assez complexe, l’effectif de l’équipe senior est très réduit, composé de six joueurs professionnels et six réservistes. De plus, l’équipe réserve descend à l’échelle départementale suite à un problème administratif. Un joueur « minime » avait effectué un match alors que cela était interdit. Comme la saison précédente, l’ABC termine 6ème de N2. Lors de la fin de saison, la municipalité propose l’union de l’ABC et de Saint Léonard, pour s’installer au haut niveau. Cependant, les rivalités entre les deux clubs empêchent le projet de se réaliser.
La montée en Pro B
- Saison 1993/1994 :
Cette saison constitue l’une des saisons les plus aboutie pour Thierry Chevrier. En effet, l’ABC accède en fin de saison à la Pro B, avec un effectif remanié. Deux recrues vont intégrer l’effectif angevin. Bruno Lejeune, un ancien international de 30 ans en provenance de Cholet Basket. Puis un joueur américain, Joe Moore, un intérieur de 1,90m. Il est spectaculaire, il plaît au public. L'engouement populaire est de plus en plus présent pour Angers. Les victoires s'enchaînent, et l’ABC se retrouve en tête de N2. La première défaite sera face à l'Hermine après avoir enchainé neuf victoires consécutives. Au terme de la saison régulière, l’ABC finit premier mais doit passer par trois rencontres contre la JA Vichy (1er de l'autre poule) pour passer en Pro B. Cette fin de saison est compliquée à gérer, car il reste ces trois matches pour la montée et une finale en Coupe de France. Le premier match est perdu avec un joueur blessé et un malade. Deux jours après, l'ABC va à Paris pour la finale de Coupe de France qu’elle va remporter pour la seconde fois. Et quatre jours après, l’équipe reçoit Vichy, en match retour qu'elle remporte. Le lendemain, la « belle » a lieu, l’ABC remporte le match et permet ainsi au club de montée pour la première fois de son histoire en Pro B. En trois ans, le nombre de licenciés a presque triplé, pour atteindre 285 licenciés. À l’époque, le nombre de licenciés dans le Maine et Loire, avoisine les 17000 licenciés. La montée en Pro B se fera dans une nouvelle salle, la salle Jean Bouin.
- Saison 1994/1995 :
La première saison en Pro B va être relativement difficile sportivement. Le bilan sera de 10 victoires pour 16 défaites. L’ABC termine alors 10ème. L’engouement populaire autour de l’ABC se propage de plus en plus, tout au long de la saison, et le public est au rendez vous lors de chaque match dans la salle Jean Bouin. De plus, cette année marque également la véritable entrée de l’ABC dans le monde du professionnalisme, avec ce maintien en Pro B.
- Saison 1995/1996 :
Cette saison marque la deuxième année de l’ABC en Pro B. Cette saison intervient dans un plan sur trois ans défini par Patrick Gautier, qui est devenu président lors de l’exercice précédent. Il souhaite repartir sur un nouveau projet, avec une nouvelle équipe. Malgré le remaniement important de l’équipe, avec l’arrivée de nombreuses recrues, l’ABC terminera la saison à la 9ème place avec un bilan de 11 victoires pour 17défaites.
Des non-montées frustrantes
- Saison 1996/1997 :
Cette saison marque la troisième année de l’ABC en Pro B. L’effectif est totalement modifié. De nombreuses recrues viennent étoffer le groupe senior. Seul deux joueurs sur dix sont gardés dans l'équipe première. Le recrutement sera par ailleurs marqué par l’arrivée d’un joueur lituanien, une figure du basket européen, Rimas Kurtinaitis. Celui-ci fut le MVP en 1995 de Lituanie. Ce recrutement montre la reconnaissance grandissante du club, à l’échelle nationale. C’est une année de construction, avec une nouvelle équipe jeune, pleine d’avenir. L’ABC termine 4ème de la saison (18 victoires pour 10 défaites), ce qui permet ainsi à l’équipe de jouer les Play-Offs contre Le Havre. Elle finira par perdre cette rencontre lors du troisième match, avec un panier au buzzer d’un certain Vincent Collet. Sur cette période, l’ABC dispose de la 2ème plus grosse affluence en terme de public de la Pro B, avec près de 2000 spectateurs en moyenne par match et une augmentation d’environ 600 spectateurs en un an.
- Saison 1997/1998 :
Cette saison est pour Thierry Chevrier pleine de regrets. En début de saison, l’ABC enregistre l’arrivée de Graylin Warner, un joueur emblématique de Cholet Basket, qui souhaite terminer sa carrière à l’ABC. Sa signature met en avant le développement et la reconnaissance du basket-ball au sein du Maine et Loire. Cependant, celui-ci doit quitter prématurément le groupe après sept journées et sept victoires. Il doit retourner vers sa famille aux USA. Il sera remplacé par un autre américain, John Best. La grosse déception provient du classement final de l’ABC. En effet, l’équipe termine 2ème du championnat avec 28 victoires pour 10 défaites. Le goal-average ne permet pas à l'ABC de monter en Pro A. Thierry Chevrier éprouve beaucoup de regrets sur cette saison car il y avait là une possibilité de montée si Warner était resté. La frustration provient également de la lenteur administrative qui a empêché de trouver suffisamment rapidement un remplaçant à Warner. De plus, le club de Levallois monte avec un budget qui manque de sérieux, ils descendront d’ailleurs l'année d'après à cause de problèmes financiers.
- Saison 1998/1999 :
Cette cinquième année en Pro B est comme la précédente, pleine de regrets, de frustrations. L’ABC termine à la 3ème place du classement, derrière Chalons en Champagne et Strasbourg qui, à domicile, les avaient battus sur un tir refusé à 3pts au buzzer. Alors que les deux premiers accédaient directement à la Pro A, Chalons en Champagne refuse dans un premier temps la montée pour des problèmes financiers. Mais une grosse pression fait que le club de Chalons en Champagne monte finalement en Pro A, pour descendre directement l'année suivante. Tout comme la saison précédente, Thierry Chevrier est déçu des non-montées lors de ces deux dernières années, alors que les clubs adverses rencontraient des problèmes financiers évidents.
- Saison 1999/2000 :
La dernière année de contrat de Thierry Chevrier sera assez difficile et compliquée. Le club finit dans le ventre mou de la Pro B, avec une saison décevante, dû en partie à un nombre conséquent de joueurs majeurs blessés tout au long de l’année. Après onze ans aux reines de l'ABC, son contrat se termine, et le président Patrick Gautier souhaite apporter du sang neuf au club, mettre en place un nouveau staff. L’investissement total de Thierry Chevrier à l’ABC, aura permis une vraie ouverture du basket-ball à Angers. Sur cette fin de saison, le club dispose de 449 licenciés, et se classe ainsi comme le deuxième club français ayant le plus de licenciés, derrière Nancy. Cette augmentation marque une réussite exceptionnelle du développement du basket-ball au sein de l’ABC.