Saïd BEN DRISS

En basket, il y a deux castes de jeunes joueurs de talent : ceux qui iront loin parce qu'ils se blesseront rarement, et ceux qui, après coup, savaient qu'ils auraient pu aller loin s'ils ne s'étaient pas blessés tous les quatre matins. Qu'on le dise d'emblée : hélas pour lui, Saïd Ben Driss (de son nom complet Saïd Ben Driss El Hassani) garnit le deuxième cercle.

Pourtant, il est clair que les espoirs étaient réels autour du jeune homme de Moissac, repéré par CB en 2000, et déjà auteur, avec cette bande de potes si prometteuse (Badji, Gelabale, Mipoka, Malet, Mouillard, Koné), d'un doublé coupe-championnat chez les cadets, au printemps 2001. L'été qui avait suivi avait représenté l'occasion, pour cet intérieur aux bonnes mains, de confirmer tout le bien que l'on pensait de lui, lors du championnat d'Europe U16, en Lettonie (7 points ; 2,2 rebonds en 13', avec 16 points et 6 rebonds face aux Allemands). Deux saisons plus tard, dire qu'il faisait ses grands débuts chez les pros, en Pro A et en Coupe Uleb... Et dire qu'il constitua l'une des rotations majeures des Bleus, à l'Euro U20 (5,4 points ; 4,9 rebonds en 17'), au cœur d'un effectif pourtant vraiment exempté de densité (Larrouquis, Mipoka, Bokolo, Mahinmi,...). En 2005-2006, il montait logiquement en puissance en Fiba Europe Cup (6,5 points à 59 % à deux points ; 3,5 rebonds). Bref, la voie était libre, toute tracée, et largement dégagée.

Hélas, alors qu'il fête ses 21 ans, il se rompt les ligaments croisés. Là s'ouvre le long chapitre noir qui, dont le contre-héros est ce genou gauche qui résumera tous ses malheurs. S'il revient en février 2007, et doit regretter la défaite de CB en finale de Coupe de France (5 points inscrits), face à l'Asvel, c'est le ménisque qui lui joue des mauvais tours, en 2007-2008 (1,8 points en 10 matches). Est-ce la fin des tracas ? Non, puisqu'une entorse avec contusion osseuse vient ensuite faire durer le labeur, qui ne prendra fin qu'avec sa signature à Saint-Vallier (Pro B), en février 2009. S'il retrouve une certaine quiétude d'un point de vue des blessures, le mal est fait, et le train est passé (3,4 points ; 1,4 rebonds en 5 matches). Il a oublié Saïd Ben Driss...

Mais le garçon se résout à ne pas dire adieu au basket. A Rennes (N3), il se réconcilie avec le plaisir de jouer, et participe à la double montée en deux ans du club breton, jusqu'en Nationale 1, au printemps 2012. Au sein de la 3e division française, il livre enfin une saison pleine (9 points à 43 % ; 5 rebonds en 27'), cependant gâchée par une relégation qui n'entache pas la fidélité de l'ex-Choletais à son nouveau club. De retour au plus haut niveau fédéral en 2016-2017, il signe là encore une saison des plus correctes (7,9 points à 51 % à deux points ; 4 rebonds en 21 minutes)... avec la même issue collective : un retour en Nationale 2.

A nouveau blessé en début de saison 2017-2018, il fait son retour en février 2018. Avec à l'esprit l'idée selon laquelle, à 32 ans, sa carrière n'est pas terminée.