Régis Boissié : « 2-3 garçons m'ont dit que leur objectif était de faire 0 défaite »

03.07.2020

Régis Boissié a retrouvé les bancs du championnat Espoirs cette saison après un passage de deux saisons chez les professionnels. Un retour couronné de succès puisque les U21 Choletais sont restés invaincus tout au long de la saison avec vingt-cinq victoires en autant de rencontres disputées.

En route pour un troisième titre consécutif du CB avant l'arrêt des compétitions, l'entraîneur de l'académie Gautier nous a longuement parlé de cette saison exceptionnelle avant de revenir, joueur par joueur, sur leurs points forts, axes de travail ou encore futur proche.

Quels étaient les objectifs en début de saison?

Tout d'abord nous sommes sur de la formation donc il y a obligatoirement des objectifs individuels importants. On se doit que chaque garçon avance individuellement, progresse et se développe pour aller au plus haut niveau. Les objectifs individuels sont importants dans un centre de formation.

Collectivement l'idée était d'aller le plus haut possible. Faire partie des 3-4 meilleures équipes du championnat. On avait conscience d'avoir une bonne équipe mais on connaissait très peu les autres. Il est très difficile de se situer dans ce championnat avant les premières journées. De la à dire qu'on allait dominer comme on a dominé... on ne l'avait pas clairement identifié.

Par contre, sur les entretiens individuels de début de saison, j'ai 2-3 garçons qui m'ont dit que leur objectif était de faire 0 défaite. Je vais pas mentir, moi ça me paraissait un truc un peu surréaliste.

Les espoirs du CB ont assuré le spectacle à la Meilleraie ...

Vous terminez la saison meilleure attaque avec 87,3 points marqués (devant Bourg 86) et meilleure défense avec 65,5 points encaissés (devant Dijon 68). C'est moins de points marqués que lors des deux titres précédents en 2017-18 et 2018-19 mais aussi beaucoup moins de points encaissés. Est ce qu'il y avait une volonté de défendre très fort cette saison ?

Ça serait mentir de dire que c'était notre objectif et volonté. Il n'y avait pas spécialement d'objectifs défensifs supérieurs aux objectifs offensifs ; maintenant quand on voit le profil de l'équipe, on savait qu'avec les qualités athlétiques, individuelles et collectives qu'on proposait, il ne faisait aucun doute que défensivement on allait être capable de proposer des choses. Après il faut toujours faire attention aux chiffres avec d'autres aspects qui entrent en ligne de compte comme le nombre de possessions jouées par match. Je ne sais pas si on était meilleur que les équipes précédentes défensivement même si les chiffres semblent évoquer cela. Ce qui est certain c'est qu'on était capable de mettre sous pression l'adversaire.

On retient quelques matchs plus difficiles cette saison avec une victoire à Pau de seulement 2 points lors de la neuvième journée ou encore face au CCRB à la Meilleraie de 3 points pour le compte de la douzième journée. Avez-vous senti lors de cette saison l'équipe en difficulté sur certains matchs ? Et dans le même temps qu'est ce qui a fait que dans ces matchs difficiles le résultat est resté positif ?

Il y a des matchs où ça a été très dur et heureusement d'ailleurs. On aurait pu lâcher. Je pense au CCRB où l'on joue sans Hugo Robineau et sans Florian Leopold : forcément ça change l'équipe. Et puis il y a des matchs où nos adversaires nous ont mis en difficulté. Moi je retiens la force mentale de ce groupe là. Même quand c'est dur voire très dur, on n'accepte pas le fait de lâcher un match. Il y a toujours eu la réaction, le petit plus qui a fait tourner ce match là en notre faveur. Ça revient aux joueurs. Inconsciemment ou consciemment on aurait pu se dire : on va en lâcher un, c'est pas non plus catastrophique ; mais à aucun moment les garçons n'ont eu ce ce sentiment là. Ils ont toujours eu ces ressources mentales pour aller chercher le match.



Le trophée coupe de France est toujours un bon moyen de s'étalonner face à des équipes seniors de NM2 et NM3. Quel bilan tirez-vous de cette campagne 2019-20 ?

C'était une très bonne expérience. On a eu un premier match contre Niort (NM2) où l'on met du temps à se mettre dedans avant de faire la différence en deuxième mi-temps. Ce n'est pas une opposition habituelle. Le second match face à Garonne (NM2) a été très intéressant. On a été très performant en première mi-temps puis on a eu du mal a tenir la cadence et l'on a senti que physiquement et mentalement on était un peu sous l'emprise de cette équipe là. C'est intéressant dans la formation des garçons. Cette compétition faisait partie du challenge du groupe. Les joueurs se l'étaient fixés car beaucoup avaient goûté à Bercy avec les finales de coupe de France U17 et ils avaient envie d'y retourner. Mais encore une fois c'est eux qui avaient créé cette émulation autour de cette compétition et c'est leur objectif. C'est bien de jouer ce genre de matchs car l'adversité est différente et puis des fois, les jeunes n'ont pas conscience de la réalité des niveaux des championnats nationaux. Certains se sont dit "ça joue" avec de bonnes équipes et de très bons joueurs.


Il n'est pas inhabituel de voir des bilans exceptionnels en Espoirs (Nancy 33-1, Cholet 33-1, Strasbourg 30-4, Gravelines 29-1) mais n'y a-t-il pas un sentiment d'inachevé en s'arrêtant à 25-0 ?

Nous sommes déçus et frustrés de l'issu de cette saison. C'est clair. Nous espérions pouvoir être récompensés collectivement. Le fait d'aller à 34-0. C'était l'objectif fixé depuis quelques matchs et ce qui me permettait de garder le groupe sous pression. Nous étions tous d'accord pour aller chercher ça. Marquer le championnat et l'histoire du championnat. Sans vouloir faire preuve de prétention, le fait d'être champion était acquis pour nous et pour nos adversaires (Bourg-en-Bresse et Strasbourg comptaient chacun six défaites à neuf journées de la fin). L'issu du titre était connue. L'objectif était de finir à 34-0. Peut-être qu'on ne l'aurait pas fait mais on était déterminé pour aller chercher ça.

Après ce point collectif, Régis Boissié a fait le point avec nous sur chaque joueur qui composé l'effectif 2019-2020 avec d'ores et déjà quatre d'entre-eux qui évolueront au niveau professionnel la saison prochaine.


Yoan Makoundou (2000)

Yoan ne sera plus un joueur de l'académie Gautier la saison prochaine : il sera joueur professionnel. Sous quelle forme, ce n'est pas à moi de l'évoquer, le club le fera certainement bientôt. Il y a eu une vrai évolution chez le basketteur cette année. On sait qu'il a des qualités physiques et athlétiques hors norme. Il a amené un contrôle et une maîtrise dans son jeu cette saison avec en plus une menace extérieure qu'il a réussi à développer. Il y a eu une vrai évolution sur le registre offensif.
Il doit développer sa régularité dans l'effort et concentration défensive.


Quentin Ruel (1999) – A signé un contrat professionnel avec Cholet Basket et sera prêté à Rouen (Pro B) la saison prochaine.

Quentin était le capitaine cette saison, il a pris ce rôle à cœur. Ça l'a fait avancer psychologiquement et dans son approche ainsi que dans sa communication vis à vis des autres.
C'est un très fort shooteur et c'est bien d'avoir un point fort ; on ne pourra pas le lui enlever. Il doit enrichir son panel, que se soit défensivement, dans son aisance balle en main ou son agressivité mais je pense que son tir peut vraiment l'amener très loin. C'est une menace incroyable.

Florian Leopold (2001) - A signé un contrat professionnel avec Cholet Basket et sera prêté à Saint-Chamond (Pro B) la saison prochaine.

Garçon travailleur et rigoureux. Il s'impose un quotidien avec une approche du travail intéressante. Il a de très bonnes mains mais doit notamment travailler dans sa lecture du jeu pour perdre moins de ballons. Sa lecture et sa prise de décision doivent être plus rapide. Il voit les choses mais doit maintenant les réaliser dans les bons timing. Physiquement et athlétiquement il peut aller très haut et se déplace très bien pour un intérieur.


Hugo Robineau (2000) - A signé un contrat professionnel avec Cholet Basket.

Il récupère bien de sa blessure à l'épaule. Il n'a plus de gêne ni de douleur. Il retrouve une mobilité au niveau de l'articulation de l'épaule. Sa convalescence se passe bien.
Sa saison est un peu tronquée avec seulement 11 matchs. Cela fait partie de l'apprentissage : c'est le premier pépin dans sa carrière. Cela va lui servir pour le futur.

Karlton Dimanche (2000) – Joueur du groupe professionnel

Il a pris conscience de son manque de menace extérieure et travail beaucoup dessus pour combler cette lacune importante pour le très haut niveau. Il nous a rejoint en Janvier à sa demande pour avoir un peu de temps de jeu. Il est revenu avec un très bon état d'esprit. Il a fait preuve d'un comportement irréprochable et d'une excellente intégration malgré aucun entraînement avec le groupe Espoirs car il faisait à 100% partie du groupe professionnel.


Leopold Delaunay (2001)

Au même titre que Hugo, c'est une fierté pour le club car c'est un garçon des Mauges. Il représente le territoire et la région. La vraie satisfaction c'est sur l'évolution dans la saison. Il amène une capacité d'énergie et d'activité sur un terrain. Il est présent dans tous les domaines y compris la création. Il a un rayonnement global dans le jeu. Il sera l'un des leaders du groupe la saison prochaine.


Arthur Bouba (2001)

Lui aussi a connu une vraie évolution cette année. Il a beaucoup plus de contrôle et de maîtrise, a gagné en équilibre. Quelqu'un qui a une vraie qualité défensive quand il est concentré et déterminé.Il est grand, se déplace très bien, a une envergure impressionnante et peut évoluer sur les postes 4 et 3. Il lui reste beaucoup de travail technique à faire pour aller sur le poste 3. Il est beaucoup plus efficace quand il joue simplement et doit progresser là-dessus. Il fera également partie des leaders la saison prochaine.


Christopher Robert (2001)

Il a rejoint le club en cours de saison car il n'y avait que sept joueurs d'âge espoirs en début d'année et on souhaitait en rajouter un huitième pour exister en espoir et en U18 et l'opportunité s'est présentée. Il ne sera plus à Cholet la saison prochaine : sa convention courrait jusqu'en fin de saison. Il était un joueur majeur partout où il est passé (Orléans, Limoges). Quand il est arrivé à Cholet il y avait déjà une hiérarchie dans le groupe et il a dû trouver sa place. Cela s'est plutôt bien passé. Il a fait des efforts malgré quelques frustrations liées à un temps de jeu inférieur à ce dont il avait l'habitude mais ne l'a pas trop montré.


Satiah Carombo (2001)

C'était l'une des recrue cette saison. Il découvrait un environnement radicalement différent puisqu'il arrivait du Canada. Cela n'a rien à voir avec ce qu'il avait connu notamment dans l'approche collective. Il a beaucoup progressé dans cette approche au fil des semaines mais a été perturbé par une blessure au genou dans les dernières semaines avant l'arrêt des compétitions.
Individuellement la saison est frustrante mais on verra une vraie progression l'année prochaine.


Nathan de Sousa (2003)

La blessure de Hugo a permis à Nathan d'avoir un rôle plus important dès cette saison. Il a montré des choses très intéressantes. Il a une âme de meneur de jeu dans l'approche collective. Exemplaire et leaders. Exigent. Déterminé. Moralement et psychologiquement, il a beaucoup d'atouts pour aller vers le haut niveau. Il va basculer sur le groupe U21 la saison prochaine à temps plein.



Trois autres joueurs ont activement participé aux vingt-cinq victoires. Kévin Marsillon-Noleo (2002), Rodney Rolle (2002) et Thomas Llaury (2003). Tous les trois auront un rôle plus important dès l'année prochaine sur le groupe Espoirs. Régis Boissié tient également à souligner l'importance de l'ensemble des joueurs du groupe U18 à l'entraînement avec les Espoirs qui ont permis de s'entraîner et d'évoluer avec intensité tout au long de la saison.

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