Des nouvelle de : Quand un joueur américain réalise un docu sur le clasico : Entretien avec Anthony Goods
Décisif sur les parquets cette saison avec Poitiers en Pro B, l'arrière américain Anthony Goods mène pourtant une double vie. Créateur du podcast Eurostep, dont il est le producteur et le réalisateur, il nous dévoile la première étape d'une série de documentaires sur le basket européen avec The Derby, l'histoire de la rivalité entre Pau et Limoges.
Vous pouvez en être certains, le 20 mars prochain est une date entourée sur le calendrier de tout fan de basket français qui se respecte. À cette occasion, l'Élan Béarnais accueillera son rival de toujours, le Limoges CSP, pour le compte de la 24e journée de Pro A. En marge de ce véritable classique du basket français, les fans pourront découvrir un documentaire consacré à cette rencontre si particulière et à son histoire, racontée par ceux qui l'ont faite.
Revenir sur les fondations de ce derby, c'est l'idée de l'Américain Anthony Goods (1,91 m, 30 ans). Ancien élève de l'université de Stanford en Californie, l'arrière est un véritable globe-trotter. Passé par le Vénézuela, l'Italie, l'Ukraine, Israël, la République dominicaine, la Pologne, Anthony Goods a tout vu selon ses propres mots. C'est finalement à Cholet qu'il découvre le championnat de France en 2013 avant de retenter sa chance à l'étranger. De retour dans l'hexagone lors de l'exercice 2016/17 avec Pau-Lacq Orthez, il ne disputera que quatre matchs avec l'Élan, dont la fameuse rencontre face à Limoges. Quarante minutes qui feront naitre une idée, une envie, celle de s'intéresser aux fondations et aux moments historiques de cette rencontre si particulière.
Aujourd'hui parfaitement épanoui avec Poitiers, en Pro B, Anthony Goods est un joueur majeur de sa nouvelle équipe. Il compile 16,5 points à 41% de réussite aux tirs (dont 41% à trois points) et 3,2 rebonds pour 12,3 d'évaluation en 33 minutes en moyenne. Non content d'être décisif sur les parquets, à l'image de son game-winner face au Havre, l'Américain mène une double vie puisqu'il est également le créateur de son propre podcast, baptisé Eurostep, dont il est le producteur et le réalisateur.
Son prochain projet ? Réaliser "The Derby", l'histoire de la rivalité entre les meilleurs ennemis du basketball français, l'Élan Béarnais et le Limoges CSP. Pour ce faire, Anthony Goods voit grand : anciens joueurs, coachs, présidents et reporters se succèdent pour témoigner face caméra. De Richard Dacoury au regretté Frédéric Forte, tous racontent leur vision de ce derby, l'objectivité des intervenants n'étant bien entendu pas garantie par le réalisateur.
Le documentaire sera diffusé pour la première fois en marge de la rencontre entre l'EBPLO et le CSP le 20 mars prochain. À l'occasion de la sortie du premier teaser de "The Derby", son réalisateur, Anthony Goods, nous a accordé un entretien pour revenir sur son oeuvre.
Lors de la saison 2016/17 vous étiez un joueur de l'Élan Béarnais, comment est-ce que l'on franchit ce pas entre être acteur sur le terrain puis réalisateur ?
C'est quelque chose que j'ai toujours voulu faire. Plus tôt dans ma carrière, j'avais participé au derby en Israël, c'était un grand évènement, un match vraiment excitant à jouer. J'ai commencé à me renseigner à propos des autres derbies à travers l'Europe. J'ai toujours voulu faire ce genre de documentaire, sur les différentes rivalités au sein différents pays européens. Cette année je me suis dit que c'était le bon moment puisque je joue en France. J'ai participé au derby entre Pau et Limoges l'année dernière et j'ai vu quelle importance ce match avait. Au début, je ne savais pas qu'il y avait un derby en France, je n'en avais jamais entendu parler. Mes coéquipiers à Pau m'ont expliqué l'importance de ce match si particulier. J'ai compris ce qu'ils voulaient dire au moment où le match a débuté, j'ai vu la passion des fans, l'énergie était incroyable. Cela fait partie des raisons pour lesquelles j'ai voulu faire un documentaire sur ce derby, auquel j'ai participé en tant que joueur. Ça sera la première partie d'une série de documentaires.
Vous avez voyagé dans de nombreux pays au cours de votre carrière, pourquoi avoir choisi cette rivalité entre l'Élan et Limoges plutôt qu'une autre ?
La raison principale pour laquelle j'ai choisi ce derby, plutôt qu'un autre, c'est tout simplement parce que je vis en France actuellement. Ça me permet de me déplacer plus facilement pour aller rencontrer d'anciens joueurs et recueillir leurs avis, leurs témoignages. J'aime être en France, j'aime le basket français et j'ai rapidement vu l'importance de match pour le basket français. C'est aussi pour ça que j'ai voulu commencer par ce derby. En plus je me suis progressivement rendu compte qu'il y avait une certaine histoire derrière ce match ! J'ai voulu en apprendre davantage et je me suis rendu compte que ce derby était unique en son genre.
Est-ce que pour vous il existe une rivalité équivalente sur le continent européen ?
Bien sûr oui, je pense qu'il y certaines rivalités absolument dingues en Europe. Dans certains cas on est obligés d'évacuer les joueurs du terrain comme en Grèce, en Turquie ou même en Serbie. Toutes les rivalités en Europe ont leur histoire. C'est justement cette histoire, cette passion que je veux mettre au coeur de ce documentaire et de ceux qui viendront après.
Si vous ne deviez vous rappeler que d'une seule chose à propos du derby entre l'Elan Béarnais et Limoges en tant que joueur, quelle serait-elle ?
J'ai toujours dit que c'était la passion des fans. Les supporters français ne sont pas aussi fous que les supporters grecs ou turcs, mais je dis ça dans le bon sens. Certains supporters en Europe vont beaucoup trop loin parfois. Quand on m'a parlé du derby entre Pau et Limoges, je ne pensais pas que les fans amèneraient autant d'énergie. L'atmosphère était électrique dans la salle, dans le bon sens du terme. C'est à ce moment là que je me suis dit : ok ce derby c'est vraiment quelque chose d'important, l'atmosphère est dingue, on va prendre un plaisir fou à jouer ce match.
De manière très concrète, comment le documentaire "The Derby" est-il produit, qui est son directeur, combien de temps dure t-il ?
C'est très simple en fait puisque je fais quasiment tout. J'ai simplement une partenaire française, Marion Polk, que j'ai rencontrée lorsque je jouais à Pau. Tout cela ne serait pas possible sans elle. Elle m'aide à coordonner les interviews et pour les traductions, puisque le documentaire sera en français avec les sous-titres en anglais. J'ai investi moi-même tout l'argent nécessaire à la production de ce documentaire, je l'édite moi-même, j'ai engagé deux caméramen sur de courtes périodes mais j'ai filmé la majeure partie du documentaire. J'ai dû faire une vingtaine d'interviews au total. Je ne voulais pas que le documentaire soit trop long, il devrait durer environ 30 minutes donc je ne pourrais probablement pas diffuser tous les témoignages en si peu de temps. Donc ce que je vais faire, c'est que je publierai également les différents entretiens dans leur intégralité après la diffusion du documentaire, peut-être un par semaine, je ne suis pas encore fixé là dessus, mais je pense que ça intéressera les fans de voir ce que les anciennes gloires des deux clubs ont à dire sur le sujet.
On vous a vu durant la prépapration du documentaire avec de grands acteurs du basket français comme Fred Weis ou Richard Dacoury, quels sont les autres intervenants ?
Il y en a tellement, je peux vous citer Freddy Hufnagel, Laurent Foirest, Fred Forte, Jim Bilba ou encore Yann Bonato. J'en ai une vingtaine à peu près et tous ont quelque chose à raconter. Il y aura donc d'anciens joueurs, des coachs, des présidents, des reporters de l'époque qui couvraient le match. Il n'y a pas de joueurs actuels en revanche puisqu'ils y a eu un turnover impressionnant dans les deux équipes ces dernières années et on cherchait des joueurs ayant connu un certain nombre de derbies.
Comment est-ce que l'on parvient à conjuguer une carrière de basketteur profesionnel et la création d'un tel documentaire ?
En réalité ce n'est pas si compliqué puisque j'ai pas mal de temps libre. En général je travaille après les entrainements, je ne regarde pas la télé ou ce genre de choses. J'ai vraiment ma routine manger, dormir, faire du basket et donc bosser sur ce genre de projet. Ce n'est vraiment pas un problème de trouver du temps pour travailler sur le documentaire. Je travaille entre 1h et 4h par jour dessus et c'est suffisant pour produire quelque chose de satisfaisant.
Des horaires d'entraînement parfois décalés pour lui permettre de faire ses entretiens
Il vous est déjà arrivé d'échanger à propos de ce projet avec vos coéquipiers et vos coachs à Poitiers ?
Oui ça nous arrive d'en parler, que ce soit avec les joueurs ou avec les coachs, et tout le monde au club me soutient. Mon général manager m'a même aidé à trouver quelques contacts pour le documentaire, certaines fois on décalait des séances d'entrainement parce que j'avais un entretien important pour le documentaire. Le club de Poitiers m'a vraiment soutenu et c'était génial de leur part.
Vous n'avez que 30 ans mais est-ce qu'après votre retraite sportive vous enivsagez de vous investir à plein temps dans la création, la production de reportages de ce type ?
Oui complètement. Après avoir pris ma retraite je souhaite devenir un leader dans la production, la création et la diffusion de contenus sportifs de ce genre en Europe. Je veux continuer de couvrir le basket européen parce que je pense qu'il ne reçoit pas suffisamment d'attention. On entend toujours parler de la NBA, des Etats-Unis, même ici sur le continent européen. Ce documentaire, il n'est pas simplement fait pour les fans français mais pour tous les Européens fans de basket.
Dans le cadre du développement d'Eurostep, est-ce que vous seriez davantage intéressé par le basket français en particulier ou par le basket européen dans sa globalité ?
Je m'intéresse vraiment au basket européen dans sa globalité. Je ne vais pas me limiter au basket français, il y a tellement de grandes équipes en Europe, de grands joueurs, des coachs, des histoires uniques en leur genre. Je veux couvrir tout ça. Le basket français possède aussi certaines rivalités historiques. Je veux pouvoir montrer, à tous ceux qui sont curieux, les différentes histoires qui existent dans le basket européen. Je pense qu'on n'accorde pas suffisamment d'attention à ces histoires.
A Beaublanc, avec Frédéric Weis