La façon dont Saint-Thomas a été battu faceà Vichy (77-83) samedi soir n’a pas du tout été du goût de l’entraîneur Jean-Manuel Sousa.

On aime bien quand les joueurs s’expriment. Encore faut-il qu’ils aient quelque chose à dire. Alors samedi, c’est Dinma Odiakosa qui s’y est collé. Ou plutôt, désigné volontaire. Mais le garçon est intelligent, et avait l’avantage de présenter des statistiques honorables avec un 18 d’évaluation, 14 points au compteur, 3 rebonds offensifs et 5 rebonds défensifs à son actif. Pas de quoi rougir au moment d’affronter les interlocuteurs les yeux dans les yeux.

« Bien sûr que nous sommes déçus, car on voulait gagner devant notre public, mais on a clairement manqué d’énergie » déclare-t-il. On va y revenir avec des propos beaucoup moins amènes de Jean-Manuel Sousa, qui résume de façon assez abrupte la pensée de son joueur : « On n’a pas couru ». Continuons avec l’intérieur nigérian. « Vichy nous a fait déjouer, précise-t-il, et nous a fait sortir du match.» Lorsqu’on lui fait remarquer qu’au niveau des rebonds, Vichy a quasiment fait jeu égal avec le STB (38 contre 39), et a même largement dominé les Normands dans ce secteur lors des deux premiers quart-temps, il reconnaît : « On aurait dû être meilleurs dans ce domaine-là. » Et comment ! Alors que les Vichyssois rendaient plusieurs centimètres au niveau des gabarits à leurs adversaires havrais.

On arrête de torturer Dinma Odiakosa, qui s’en est plutôt bien sorti et avait l’air sincèrement désolé de la tournure de la soirée. Un qui l’était moins, et même particulièrement remonté, c’était Jean-Manuel Sousa. Mine renfrognée, démarche décidée et coup d’œil rapide à la feuille de statistiques, même s’il a assez d’expérience pour savoir qu’il n’y a pas que les chiffres qui comptent. S’il a pris un petit temps pour les éplucher, c’est sur l’état d’esprit qu’il s’est penché.

« Je ne suis pas revenu en préretraite »

Et ça, ce n’est pas quantifiable. On ne compte pas le nombre de pas effectués sur un parquet, pas plus qu’on ne mesure la vitesse à laquelle le ballon est remonté. Dommage, parce que cela pourrait en dire aussi long que le taux d’adresse. Mais sur ce sujet, on ne peut tromper le coach thomiste, et ses propos sont cinglants.

« Plus que le score, c’est l’attitude de mon équipe qui est dure à encaisser, précise-t-il d’emblée. On n’a pas joué ensemble et on a joué en marchant. Vichy a contrôlé le rythme du match. Il était venu pour ça, et mérite donc sa victoire. » La suite est désolante, brutale, non conformiste, tout ce que l’on voudra bien, mais le coach des Maritimes l’a visiblement en travers de la gorge. Et pas question de s’abriter derrière la sempiternelle phrase « la saison est longue, nous n’en sommes qu’au début ». Ce qui l’intéresse, c’est maintenant et pas dans trois ou quatre mois, lorsqu’il sera trop tard.

Alors il met les points sur les I. « Je ne suis qu’à moitié étonné car apparemment, certains n’ont pas compris que le championnat avait débuté, martèle-t-il. On a fait une bonne préparation, une bonne Leaders Cup, un bon début de championnat, mais on n’y est plus. »

En cause ? Les joueurs qui devraient porter l’équipe. Compte tenu des moyens du STB, l’effectif ne va pas être modifié, mais Jean-Manuel Sousa compte bien changer l’attitude des joueurs. « Je ne suis pas revenu au Havre en préretraite, assène-t-il. Tout simplement, ce n’est pas possible de jouer comme ça. S’il faut changer les rotations et modifier les temps de jeu, je le ferai. Et s’il faut casser la hiérarchie au sein de l’équipe, je le ferai aussi. Il n’y a pas de titulaires indiscutables, et des joueurs de banc à vie. Je constate tout simplement que les leaders et les joueurs d’expérience, on ne les a pas vus. » On ne va pas trahir un secret en écrivant qu’ils vont avoir intérêt à se montrer pugnaces à l’entraînement, et encore plus lors du prochain match à Nantes.

(Source : Paris Normandie)