26.05.2016

Victime d’un cancer des cordes vocales, Éric Girard, entraîneur professionnel de basket-ball ayant notamment coaché la SIG (Pro A) et désormais à Le Portel (Pro B), a lutté pied à pied avec la maladie pour sauver sa voix et sa vie. Il le raconte dans « Je n’ai qu’une parole », un livre poignant, mais jamais larmoyant.

« Je n’ai pas écrit ce livre parce que j’avais besoin d’une thérapie. Je voulais juste apporter le témoignage d’une personne qui a été victime d’un gros coup dur et qui, à force de se battre, retrouve la vie qui est à la sienne, à laquelle il ne veut renoncer sous aucun prétexte. »

Éric Girard choisit ses mots avec soin, va droit au but. L’homme n’est pas du genre à remuer le couteau dans la plaie, encore moins à s’apitoyer sur son sort. En décembre 2011, il apprend qu’il a un cancer des cordes vocales, « un comble pour quelqu’un qui n’a jamais fumé ». Il se soigne, à coup de séances de radiothérapie. Il va mieux, il pense être sauvé. Un an plus tard, il rechute. La situation est grave, lui annonce son chirurgien, il n’en a plus que pour quelques mois. À moins d’accepter une ablation du larynx. Ce qui signifie l’ouverture de la trachée au niveau de la base du cou et la mise en place d’une capsule apparente. Et la perte de sa voix.

Sa voix, Éric Girard y tient comme à la prunelle de ses yeux : c’est son outil de travail, indispensable pour cet entraîneur professionnel de basket-ball habitué aux plus grands clubs français, au plus haut niveau. Habitué aussi, comme ses semblables, à crier ses directives à l’entraînement et en match, à parler plus fort que les autres pour se faire entendre de ses joueurs.

Le coach, acculé, saute le pas. Il va passer sur le billard. Et il va s’en sortir. « Si j’avais eu trois ou quatre ans devant moi, j’aurais agi différemment. J’aurais refusé l’opération, j’aurais vidé mon compte en banque et je serais parti au soleil avec ma famille et mes amis pour profiter jusqu’au bout de ce que la vie avait encore à m’offrir », confie-t-il sans bluffer. « Mais je n’avais plus que quatre mois. J’ai pris une autre direction : j’avais encore de belles choses à vivre. »

« On n’a pas le droit de se plaindre »

Éric Girard n’a pas dit son dernier mot. Il se bat, il s’accroche. Sans jamais se plaindre. « J’ai eu mal, j’ai souffert. Mais quand on côtoie, dans les hôpitaux spécialisés comme j’en ai souvent eu l’occasion, des enfants malades qui n’ont plus de cheveux ou des personnes âgées seules qui ne peuvent presque plus marcher, on n’a pas le droit de se plaindre. »

L’ancien entraîneur de la SIG (Pro A) est prêt à tous les sacrifices pour continuer à exercer ce métier qu’il aime tant, pour honorer la confiance que les dirigeants de Le Portel (Pro B) ont placée en lui malgré sa santé chancelante. Et le prix est lourd à payer. « Quand j’ai appris que j’allais avoir cette marque physique à vie, j’ai failli tomber dans les pommes », avoue-t-il en faisant référence à la capsule apparente qu’il a décidé de ne plus cacher parce qu’il a fini, bon gré mal gré, par l’accepter. « Je n’ai jamais été un play-boy, mais j’ai toujours essayé de prendre soin de moi. J’aime m’habiller correctement, j’apprécie de porter un costard et une cravate lorsque je suis sur le banc de touche… J’ai dû dire adieu à mes cravates : j’en avais 70, elles sont toutes dans mon placard - on ne sait jamais. »

Éric Girard doit aussi apprivoiser cette voix rééduquée et retrouvée qui n’est malgré tout plus tout à fait la sienne. « Je n’ai pas le choix, je dois apprendre à vivre avec, mais ce n’est pas facile, parce que je ne l’aime pas », lâche-t-il tout de go. « Je continue à la travailler, à la perfectionner, je m’efforce de la rendre plus claire et plus forte. Le simple fait de parler est un exercice en soi. »

« Je suis devenu un meilleur coach »

Aujourd’hui, l’entraîneur ne peut plus hausser le ton, parler sans fin, répéter ses consignes. Il a changé sa façon de s’exprimer, mais sait toujours se faire comprendre. Ses interlocuteurs, ses joueurs en particulier, obligés d’être attentifs et de tendre l’oreille, se sont adaptés. « Je suis devenu un meilleur coach », estime l’intéressé, dont l’équipe dispute actuellement les play-offs d’accession à la Pro A. « Si je n’avais plus été en mesure de driver un groupe, j’aurais arrêté : je ne veux pas d’un job parce qu’on a pitié de moi, je veux un job parce qu’on croit en mes compétences. Le Portel est sur une pente ascendante, j’en suis le premier ravi. Quand on travaille, quand on se bat et qu’on a un peu de chance, on y arrive toujours ! »

Éric Girard ne baisse pas les bras. Il sait qu’il n’est pas à l’abri : le cancer est une maladie pernicieuse, sournoise, qui peut frapper à tout moment. « On ne guérit quasiment jamais à 100 % d’un cancer. Je dois continuer le combat, et celui-ci est autrement plus rude que des matches de Pro A ou de Pro B. Pour le moment, j’ai pris l’avantage. Mais je reste sur mes gardes. Je m’attends à tout. Je suis prêt. Je ne rendrai jamais les armes sans me battre jusqu’au bout. »

LIRE « Je n’ai qu’une parole », Éric Girard avec Pierre Ballester, Éditions de La Martinière, 224 pages, 19 €.

(Source : L'Alsace)

 

Autres actualités

Jeep® ÉLITE
26.05.2016

Transports Raud : Carburant - Nous sommes très inquiets (CO 25-05-16)

"Comme toutes les entreprises de transport, les Transports Raud sont directement impactés par l'actuelle pénurie d'essence."Pour lire l'article complet, cliquez ici.
En savoir plus
Jeep® ÉLITE
26.05.2016

Camps été 2016 : Quelques places restantes pour le camp Bleu et le camp Elite !

Cholet Basket organise durant le mois de Juillet ses Camps de basket. Si le Camp Vert et le Camp Orange sont complets, les inscriptions sont encore possibles sur le Camp Bleu et le Camp...
En savoir plus
Jeep® ÉLITE
26.05.2016

ITW Erman Kunter (Le Mans) : « C'est jouable... »

Playoffs : Demi-finale, match 3. Le Mans - Strasbourg. Les Manceaux sont au pied du mur : ils doivent l'emporter pour poursuivre leur saison. Pas si simple... Entretien avec Erman Kunter,...
En savoir plus