DE COLO, OÙ COMMENT L’ANTISTAR EST DEVENUE STAR

17.09.2015

Nando de Colo s’impose clairement comme l’un des patrons de l’Équipe de France dans cet Euro. Ses performances le contraignent à enfiler un costume de star qui tranche avec sa discrétion naturelle.

«Je suis un fan de Nando de Colo. C’est mon joueur préféré en Équipe de France depuis des années». L’aveu est signé Nicolas Batum, supporter de la première heure de ce «petit Ch’ti qui n’est pas mal du tout». Un euphémisme, au milieu du concert de louanges que ses coéquipiers, la presse ou les supporters adressent à l’arrière des Bleus depuis le début de la compétition. Concert de louange évidemment justifié. S’ils ne suffisent pas à apprécier tout l’impact de l’arrière du CSKA Moscou sur le jeu tricolore, les chiffres parlent d’eux-mêmes. De Colo est en effet le deuxième meilleur scoreur de l’équipe de France à l’Euro (12 pts/match), mais aussi le troisième rebondeur (5,7/match), le deuxième passeur (ex-aequo avec Boris Diaw, 3,7/match) et le meilleur intercepteur (ex-aequo avec Nicolas Batum, 1,3/match) ! Le tout avec un pourcentage de réussite aux tirs supérieur à 50% (53,6%) et 42,3% d’adresse à longue distance.

Le métronome de l'Équipe de France

Mais au-delà des chiffres, De Colo, c’est un leader sur le terrain, le «métronome» des Bleus comme le souligne Charles Kahudi. Un joueur rassurant pour ses coéquipiers, sur lequel on peut se reposer les yeux fermés. «Il est en pleine confiance, en pleine bourre, au top de sa forme physiquement et mentalement», note «Batman». Il faut dire que De Colo, 28 ans depuis juin dernier, arrive à maturité. Normal à son âge, quand on a à la fois l’expérience du très haut niveau (international, NBA et Euroligue) et la plénitude physique. 

Ne pensez pas que cette «De Colo mania» fait tourner la tête du joueur nordiste, natif de Sainte-Catherine. Loin s’en faut. Joueur d’équipe par excellence, les honneurs, les compliments semblent glisser sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard. «De Colo mania, c’est un grand mot, a-t-il réagi. Je reste concentré sur les objectifs qui doivent être atteints, les matches à venir. Je ne fais pas plus attention que cela à ce qui se passe autour. C’est l’équipe qui prime. Je ne vois pas pourquoi je changerais mon fusil d’épaule par rapport à cela maintenant. Demain, on sait très bien que c’est un autre joueur qui pourrait être en première page. Tant qu’on parle de l’équipe de France… C’est le plus important. Je suis ici pour défendre nos couleurs et avoir un résultat à la fin. Ce qui se passe à côté, c’est du plus pour tout le monde.»

Et ne pensez pas qu’il s’agit d’un discours de façade. Nando de Colo est vraiment le joueur humble, discret et simple qu’il donne l’impression d’être. «Ce genre de choses lui passe au-dessus, confirme Batum, qui le connait depuis bien longtemps, les deux joueurs étant de la même génération. C’est un vrai joueur d’équipe.C’est quelqu’un de très calme. Il ne s’exprime pas forcément. Je crois qu’il garde tout pour le terrain. Pour lui, c’est jouer au basket, gagner des matches, retourner voir sa fille et sa femme, et c’est tout ! C’est son style, c’est Nando et je respecte cela. Il a toujours été comme ça et tout le monde l’adore dans l’équipe. J’espère jouer encore des années avec lui parce que c’est l’un des plus grands. Il fait des choses magiques. C’est peut-être l’un des joueurs les plus sous-estimés au niveau mondial.» De Colo devrait en effet être considéré comme l’un des meilleurs joueurs d’Europe à son poste. Et pas seulement pour ses performances en Bleu, qui ne sont finalement que la continuité d’une excellente saison avec le CSKA Moscou.

Dans la continuité d'une saison éblouissante

Une année lors de laquelle De Colo, après deux saisons compliquées en NBA, a pu retrouver des responsabilités et du rythme de jeu. Assez pour arriver en équipe de France avec un nouveau statut au début de l’été, avant de convertir l’essai en préparation et de confirmer à l’Euro, avec les performances que l’on sait. «Je ne m’attendais pas forcément à ce que l’Euro se passe comme ça. Ce que j’attendais, c’était de rester sur la continuité de ma saison. Ce qui a été le cas durant les matches de préparation et j’en étais ravi, avoir des responsabilités, pouvoir les prendre. Ça s’est confirmé au fil des matches au premier tour. Je me retrouve dans un système qui me convient très bien et j’apprécie beaucoup», indique-t-il, lui qui n’est «pas troublé» le moins du monde par l’agitation contre-nature pour lui que ses performances provoquent.

«Le plus important dans ma carrière a toujours été d’avoir une progression constance, sur le terrain ou en dehors», ajoute encore l’arrière aux origines portugaises. Un joueur qui s’améliore en effet d’année en année, lui qui a notamment ramené de la dureté dans les duels et de la solidité en défense de son passage en NBA. Il a encore gagné en leadership durant son année en Russie. «On a tout de suite senti son potentiel, note Erman Kunter, le coach qui l’a lancé en Pro A avec Cholet. C’est un garçon qui travaille, qui ne pose pas de question. Dans la tête, il est très carré. Il se fixe des objectifs et il fait ce qu’il faut pour les atteindre. Chaque année, il a progressé. L’an dernier, il s’est imposé au CSKA, une armada, une grosse organisation, de gros moyens. Il n’est pas écrasé par la pression. Il a géré la situation.» Et comment ! 

L'Espagne en modèle

On peut donc faire confiance à Nando de Colo pour qu’il ne s’efface pas au moment où les choses très sérieuses commencent, avec France-Espagne ce jeudi et un dernier match dimanche, la petite ou la grande finale. Cette équipe d’Espagne que l’ancien joueur de Valence a, comme tous ses coéquipiers, pris en exemple pendant des années, lui qui a débuté en Bleu en 2007. «Quand j’ai commencé en équipe de France, on était bien bas, se souvient-il. Mais au fil des années, on a essayé de créer un noyau qui nous permettrait d’avancer et de ressembler à une équipe comme l’Espagne.» Une équipe d’Espagne qu’il faudra battre, encore, comme en 2013 et en 2014, pour rallier la finale de l’Euro et les Jeux olympiques 2016 à Rio.

(Source : Le Figaro)

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