Si sa fulgurante progression depuis un an ne s’est pas stoppée - loin de là - la révélation NBA de l’année apprend beaucoup dans son nouveau rôle de titulaire au Jazz. Des enseignements que le pivot d'Utah veut poursuivre sous le maillot bleu.

Rudy Gobert, après le All Star Game, vous avez continué votre ascension fulgurante. Comment vivez-vous cela ?

Honnêtement, j’essaie surtout de rester concentré sur la saison, de continuer à apprendre et gagner des matches.

Le transfert d’Enes Kanter vous laisse beaucoup plus de temps de jeu pour progresser et apprendre justement. Cette transition dans le cinq majeur vous a-t-elle beaucoup apporté ?

J’apprends à être plus malin au niveau des fautes et des arbitres. À ne pas prendre trop de fautes, surtout. C’est ça être titulaire, le rôle est différent. Il ne faut pas utiliser son énergie bêtement non plus. Je suis obligé d’être plus intelligent. Je me rends comte qu'être titulaire, ça ne veut pas dire que tu vas faire le double de tes stats en doublant ton temps de jeu. C’est différent. Tu as plus de pression, de responsabilité. Pas trop de pression non plus, mais quand même il y en a.

Est-ce que vous sentez que c’est plus dur physiquement aussi d’enchaîner les minutes de la sorte ?

En première mi-temps contre Brooklyn (dimanche soir), j’étais un peu fatigué. C’est la fin du déplacement, tout ça... C’est d’ailleurs le dernier road trip, après on sera à Utah la plupart du temps. On a eu la neige en plus, avec genre cinq heures d’attente dans l’avion… Ça m’arrive d’avoir des coups de mou, mais généralement j’essaie d’être bien pour la fin de match, pour le gagner, c’est le plus important. Mais je vais finir la saison sans problème je pense.

" Le Jazz joue bien en ce moment "

Sentez-vous que les responsabilisé offensives vont venir aussi, même si la plupart des systèmes ne sont pas encore pour vous ?

Oui, bien sûr. Je continue à être plus agressif, à construire mon jeu. Je sens que mes coéquipiers me font plus confiance. Mon coach aussi, même si la plupart des systèmes ne sont pas pour moi, tu sais que tu peux scorer quand même sur tous. Et le coach le sait. Il sait ce qu’il fait… (pause) Là, l’équipe est bien en ce moment, mais c’est surtout dû à la défense.

Justement, vous avez un gros impact sur celle-ci et l’équipe est devenue la meilleure de la ligue dans ce registre depuis février. Cela vous rend-t-il fier ?

Je prends surtout du plaisir à ce que ce soit devenu notre identité. C’est ce qui nous a permis de gagner contre des grosses équipes, comme les Grizzlies, les Spurs ou les Blazers récemment. L’objectif, c’est de continuer comme ça la saison prochaine et pouvoir faire les play-offs.

On se dit quand même qu’il va falloir que le reste de l’équipe vous implique plus en attaque. Il y a régulièrement des possessions où vous êtes seul dans la raquette et vous n’avez pas le ballon...

C’est vrai, des fois (dimanche soir par exemple), je ne l’ai pas beaucoup touché. Mais je l’avais eu en première mi-temps et j’ai été un peu «soft». Il y avait faute, mais j’aurais dû être plus agressif car ils (les arbitres) ne sifflaient rien… On travaille avec Gordon (Hayward) pour être plus coordonnés aussi. Je lui dis par exemple que c’est plus simple pour moi qu’il envoie juste la balle en l’air, plutôt que d’essayer de me faire des passes un peu compliquées. Mais déjà, avec Derrick (Favors), je trouve que l’on a une bonne connexion.

" Je veux être un taulier défensif avec les Bleus "

L’Équipe de France attend beaucoup de vous également. Vous avez été en contact avec Patrick Beesley d’ailleurs…

Oui, il est venu à Utah pour notre match contre les Spurs. On a mangé ensemble. De toute façon, moi, si je suis en bonne santé, je suis là.

Pensez-vous donc pouvoir apporter un palier supplémentaire aux Bleus, qui avait été aperçu lorsque Joakim Noah en avait fait partie, ou lors de vos meilleurs matches ?

Bien sûr ! Je pense que cette équipe n’a jamais manqué de talents offensifs. Amener vraiment un taulier défensif - mais qui peut aussi apporter offensivement parce que je comprends le jeu, je peux passer la balle, finir au cercle - c’est ce qui manque à cette équipe.

Avez-vous appris au contact de Florent Piétrus l’été dernier ?

Oui, il me faisait passer des messages. Quand je faisais des erreurs ou quand je faisais de bonnes choses aussi d'ailleurs. On sait que Flo a de l’expérience… Ça fait quoi, 50 ans qu’il est en Équipe de France ? (sourire) Il m’apprend beaucoup.

Ian Mahinmi nous disait samedi dernier que vous aviez d’abord eu besoin de poser vos bases, que ce soit en NBA ou en Équipe de France. Est-ce ainsi que vous l’analysez également ?

Oui, bien sûr. C’est exactement ça. Palier par palier. Moi, je voulais déjà m’imposer comme quelqu’un de défensif à la base. Car c’est cela que l’on cherche dans cette ligue. Et ensuite, mon attaque vient petit à petit. Je pense que dans deux ans, je serai vraiment un joueur dominant… très dominant des deux côtés du terrain.

(Source : Le Figaro)