Révélation de cette première moitié de saison NBA avec les Jazz d'Utah, Rudy Gobert a changé de statut depuis son retour du Mondial en Espagne, en septembre. Impressionnant en défense, contreur redouté, le Guadeloupéen de 22 ans (6,9 points, 7,3 rebonds et 2,2 contres en 22 minutes) sera sur le parquet, ce soir, pour le Rising Stars Challenge, un match opposant les meilleurs « rookies » et « sophomores » américains à une sélection de joueurs étrangers, en ouverture du All-Star Week-end à New York. Une première depuis Tony Parker en 2003.

Cette sélection pour le All-Star Week-end est-elle un aboutissement ?

C'est avant tout un bonheur ! Ça me fait très plaisir, ça montre que mes progrès ont été perçus et appréciés. C'est cool d'avoir cette reconnaissance, mais ce n'est pas une fin en soi. Je ne suis pas encore un « All Star ».

Être « All Star », c'est votre rêve ?

Je rêve d'un titre NBA, mais être sélectionné pour ce match (le All Star Game se déroulera dimanche soir au Madison Square Garden), a toujours fait partie de mes objectifs de carrière. Dans les années à venir, j'espère y arriver, mais je procède étape par étape. Pour l'instant, je suis content de participer à ce match (le Rising Stars Challenge, qui oppose les meilleurs « première ou deuxième année » américains à une sélection de joueurs étrangers qui disputent leur première ou deuxième saison en NBA). Ça prouve que je monte en grade, année après année.

Imaginiez-vous obtenir une telle reconnaissance en NBA après ce Mondial en Espagne ?

Honnêtement, oui. Je savais qu'en cas de bonnes performances, ça allait finir par arriver. Je suis content de la tournure des événements. J'espère que ça va continuer, que je vais encore progresser. Je ne me satisfais pas de mes stats et de mon rôle. Je pourrais encore montrer davantage.

Votre performance lors de ce France-Espagne en quart de finale (13 rebonds, 5 points et une impressionnante présence défensive face aux frères Gasol) a-t-elle été l'élément déterminant dans cette évolution ?

Cette médaille (de bronze) m'a donné de l'énergie et de la confiance. J'ai montré que je pouvais accomplir de belles choses. Mon coach (en NBA) a vu ce que j'avais dans le ventre. Mais je savais que j'avais la capacité de réaliser une telle performance.

Vous êtes d'ailleurs le premier Français sélectionné pour cette rencontre depuis Tony Parker (2002 et 2003) et le seul tricolore présent durant ce All-Star Week-end...

C'est une grande fierté ! Ça me fait plaisir de représenter mon pays. Mais c'est bizarre d'être le seul Français et de passer derrière Tony. On compte sur moi, c'est vrai, mais je ne ressens aucune pression. Honnêtement, je ne savais même pas que Tony avait déjà participé à ce match. Je ne suivais pas la NBA à cette période, j'étais trop jeune (en 2002, Rudy Gobert avait 10 ans). Mais j'espère que ma carrière ne se résumera pas à cette rencontre. Au pire, si c'est le cas, ce sera déjà pas mal (il rit) !

Cette saison, tous les observateurs américains découvrent votre potentiel défensif et vos qualités athlétiques, notamment au contre. Sentez-vous que vos adversaires vous craignent davantage ?

Clairement! Dernièrement, je remarque que les attaques adverses sont différentes lorsque je suis sur le terrain. Il y a un autre plan de jeu. Et lorsque certains viennent me chercher en un contre un, ils mettent le genou en avant pour me repousser. Le contre me tient à coeur, j'adore ça. J'ai beaucoup progressé dans ce domaine, j'en ai fait ma spécialité. C'est une question de fierté, je ne supporte pas que quelqu'un marque un panier facile devant moi.

On vous découvre également offensivement...

Les gens me considèrent avant tout comme un joueur athlétique et taillé pour la défense, mais j'essaye de progresser en attaque. Je sens que je peux faire un bond dans ce domaine. Je dois prendre ces shoots à 4 ou 5 mètres. À l'entraînement, mon coach me voit réaliser de belles séries et me poussent à les retenter durant les matches. Pour l'instant, c'est difficile.

Qu'est-ce qui vous bloque ?

Par manque d'habitude ou de confiance, j'hésite. Lorsque j'ai la balle, je dois me forcer à regarder le panier. Mais je peux évoluer, passer un nouveau cap. Je n'ai montré qu'un tiers de mes capacités.

L'an passé, vous squattiez le banc de touche. Aujourd'hui, vous postulez à une place de pivot titulaire que vous n'avez pas encore obtenue, malgré vos belles statistiques. Le regrettez-vous ?

L'an passé, je suis sûr que j'avais le niveau pour jouer davantage (10 minutes par match pour 2,3 pts et 3,4 reb). Je suis un compétiteur, je veux gagner et avoir plus de responsabilités. Être titulaire, c'est mon objectif pour la saison prochaine. Aujourd'hui, j'apprends et j'évolue. Mon coach me fait confiance et surtout, je joue régulièrement en fin de match. C'est le plus important.

Justement, votre coach, Quin Snyder, a déclaré récemment, après un dunk de Damian Lillard (Portland) : « J'espère qu'il se fera encore dunker dessus »...

(Rires) Ça me fait plaisir, ça prouve qu'il compte sur moi et que je défends bien. Quoi qu'il arrive, je n'ai plus peur de me prendre un dunk. Je ne recule pas. Même lorsque je ne suis pas en bonne position pour contrer, je tente ma chance. J'ai gagné en crédibilité à ses yeux et je ne compte pas m'arrêter là.

Vous avez également gagné en crédibilité auprès de votre sélectionneur, Vincent Collet, puisque ce dernier vient d'affirmer que Joakim Noah n'est plus indispensable en équipe de France...

Je ne me préoccupe pas de Noah ni des calculs. Dans ma tête, je serai présent à l'Euro (du 5 au 20 septembre en France). Je suis ravi qu'il dise ça, ça prouve qu'il compte sur moi. Et moi, je compte bien prendre encore beaucoup de plaisir en équipe de France et gagner l'Euro.

(Source : guadeloupe.franceantilles.fr)