ITW de Fabien Causeur sur l'intersaison, la période des transferts

04.02.2014

Qu’est ce qui fait qu’un joueur signe dans un club plutôt qu’un autre ? Quelles sont les motivations d’un joueur lors de l’intersaison ?

Le site Confessions de sportifs a tenté de comprendre ce qu’il se passe lors de cette période phare dans le sport.

En tant qu’ancien agent de joueur, Seb Raoul a accompagné pas mal de joueurs lors de ce moment crucial d’une saison : l’intersaison. C’est un moment complexe à aborder et le contact agent/joueur tout au long de la saison est essentiel pour bien préparer cette période. En effet, pour un agent, le plus important est de bien connaitre le joueur, car la fonction principale de ce métier est de représenter les intérêts du joueur. Chaque joueur a ses propres critères de choix, mais on peut les résumer en 3 points principaux : le niveau du club, le montant et la durée du contrat, l’entraîneur (personnalité), son style et son projet de jeu et quelques points « secondaires » : localisation, coéquipiers, etc … Ses critères de choix sont, suivant les joueurs, classés dans un ordre de priorité. Certains auront pour critère numéro 1 le niveau du club, d’autres l’argent, … et cela varie suivant les personnalités, l’âge et la situation du marché. Pour illustrer cela, Fabien Causeur nous explique quels sont ses critères pour choisir un club à l’intersaison.

Quels sont les critères que tu privilégies pour faire des choix à l’intersaison ?

" J’ai un plan de carrière à la base et je pense qu’il faut se fier au contexte dans lequel tu es. J’ai toujours signé des contrats en fonction d’où j’en étais par rapport à mes objectifs de carrière.

Mon premier objectif était le temps de jeu, c’était pas l’argent ou autre, il fallait que je joue pour me montrer. Si tu penses direct à l’argent, tu peux en avoir mais tu peux aussi cirer le banc pendant 2 ans et derrière, personne ne te veut et tu vas en Pro B. Donc, pour moi, c’était jouer des minutes, quitte à prendre le minimum. C’est ce que m’a proposé au départ Le Havre : j’ai dit « pas de soucis, je veux jouer ! » et j’ai eu la chance qu’il n’y ai pas un énorme roster à ce moment-là au Havre et que Monchau me lance. Résultat : 1ère saison, je joue 26-27min en moyenne.

Après, quand je suis parti du Havre pour Cholet, il y avait aussi l’aspect financier mais toujours dans l’optique d’une progression sportive.

Je me suis toujours fié à l’avis de mes proches, ma famille, mon agent, qui me disaient tous la même chose : « Il faut que tu joues si tu veux exploser et signer un contrat plus important derrière ».

J’ai aussi toujours privilégié les contrats longue durée car je sais très bien que quand tu es jeune, il y a toujours un temps d’adaptation. Dans chaque club où tu vas aller, les 6 premiers mois, tu pourras pas être à ton top donc je vais toujours signer 2 ans au minimum et après plus longtemps. Mais cela dépend aussi de ce que propose le club et t’as pas toujours le choix non plus. Signer ces contrats longue durée, ça permet de pas avoir la pression du résultat immédiat.

À Cholet, au début, j’étais pas top, Kunter attendait beaucoup de moi et, avec un peu de temps et beaucoup de travail, il a commencé à me donner un peu de responsabilités et j’ai pu me lâcher, sachant qu’avec la durée du contrat, j’avais sa confiance.

Après, à Vitoria, ça s’est passé différemment. À la base, j’avais des propositions d’autres clubs comme Bilbao ou Cantu, qui m’auraient donné plus de certitudes sur le temps de jeu, aux alentours de 25-30min par match. Mais quand Vitoria a appelé, il y a eu le prestige du club évidemment et l’aspect financier qui était énorme. On te propose sur 4 ans le double de ce que tu peux gagner dans les autres clubs donc c’est vrai que je me suis dit que, arrivé à 25 ans, je pouvais me mettre à l’abri financièrement et que j’aurai moins à me prendre la tête sur ce point-là pour mes prochains contrats. Sans mentir, j’avais aussi envie de bosser avec un coach comme Dusko mais j’avais aussi la peur d’y aller parce que tu te dis « est ce que ça va marcher avec ce gars-là ? ». J’avais entendu tellement de trucs fous à propos de lui que j’ai appelé Laurent Foirest, Florent Pietrus, Kevin Seraphin et Thomas Heurtel et ils m’ont tous dis que c’était un ouf et que, le seul moment où je serai heureux, c’est en touchant mon chèque le 1er du mois (rires).

C’est vrai qu’au début ça m’a fait flipper, je me suis vraiment posé la question d’y aller ou pas, mais il y a des contrats que tu peux pas refuser. Quand tu pars de France et que tu gagnes 5-6 fois ce que t’as déjà gagné, tu refuses pas. Je me suis dit que j’allais peut-être souffrir pendant 4 ans mais je me suis endurci et je ne regrette aucunement d’avoir fait ce choix-là parce que c’était un vrai défi. Pour l’instant, ça c’est bien passé pour moi et je regrette pas mon choix.

En signant à Vitoria, non seulement tu te mets à l’abri financièrement mais tu signes dans un club de standing Euroleague qui fait que même si ça se passait mal, tu pouvais revenir dans le style de club où tu étais avant (il coupe) même mieux que ça. Entre Cholet et Vitoria, il y a pas mal d’équipes comme Valence ou Saragosse.

En signant à Vitoria, j’avais peur que la marche soit trop haute mais j’ai voulu tenter le coup parce que c’était un peu la chance de ma vie et il fallait la saisir. En signant 4 ans à Vitoria, je savais que la première année, je n’aurais pas la pression comme les gens peuvent l’imaginer parce que eux, ils voient ça comme une année d’adaptation et que même à 25 ans, ils m’ont considéré comme un jeune. Au début de saison, comme à Cholet, c’était un peu catastrophique et je me prenais la tête et me disais que je n’arriverais pas à bien jouer dans cette équipe. Mais le scout du club et Dusko venaient me parler de façon positive en me disant que j’avais le temps, que j’avais signé 4 ans. Mais c’est vrai que la première année avec Dusko, il te lâche pas, t’as l’impression qu’il y a une caméra isolée sur toi pendant l’entrainement (rires).

L’autre jour, Laurent Foirest est venu passer une semaine à Vitoria et on a mangé 2-3 fois ensemble. On a échangé des anecdotes de fou sur le coach. On a vécu un peu la même expérience avec des résultats sportifs différents mais c’était vraiment sympa de pouvoir en parler avec quelqu’un qui l’avait vécu.

Vitoria, ça peut paraître un choix facile mais pas tant que ça, car ça m’emmène jusqu’à mes 30 ans et c’est là que tu dois être au top de ton niveau donc je sais que derrière, j’aimerai bien signer un autre gros contrat. Mais pour le moment tout se passe bien donc ça va. "

Justement, que mettras-tu en avant pour la recherche de ce contrat ?

" Je sais pas si je peux répondre à cette question parce que, avec ce que j’ai vécu le mois dernier (arrêt d’un mois suite à un problème de santé), c’est vrai que je me suis posé pas mal de questions sur ma fin de carrière et ce qui m’a fait très très peur, c’est qu’on me dise qu’il fallait que j’arrête le basket. Pas la peur de la reconversion, mais en tant que basketteur, on a une carrière de 10 ans et c’est là qu’on doit engranger un maximum d’argent donc c’est vrai que ça a fait évoluer ma façon de voir les choses à ce niveau-là. Mais je penserai quand même au plaisir de jouer, parce que là, après les incertitudes que j’ai eues, j’étais tellement content de revenir sur un parquet que je me rends compte que c’est ça qui me manquerait le plus.

Chaque intersaison, j’espère toujours signer vite pour ne pas gamberger, il y en a qui n’ont pas peur d’attendre fin août-début septembre pour signer, mais moi, ça me rassure et me permet d’arriver bien motivé en début de saison. Je suis conscient que, pour d’autres, attendre n’est pas un choix. Quand je parle avec mes potes du Havre, Samir Mekdad ou Martin Le Pellec, ils n’ont pas cette chance que moi j’ai eue. Je pense que ce qui est difficile, quand tu as fait une mauvaise saison, c’est d’accepter qu’il faille évoluer au niveau en dessous et je pense que c’est dur pour un professionnel parce que, même si tu te dis que tu vas te relancer, tu le prends quand même comme un échec personnel. Tu veux toujours aller de plus en plus haut et là tu descends d’une marche, donc ça t’oblige à une remise en cause personnelle. "

(Source : Confessions-de-sportifs.com)

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