Kevin Seraphin : "J'ai été approché par les meilleurs agents NBA"
Il est déjà en train de s’avaler un poulet quand Kevin Séraphin (2m07, 23 ans) lève la tête pour nous saluer. Le rendez-vous avait été pris la veille par téléphone, on se permet donc de le déranger en plein dîner d’après-match. Un serrage de pince amical, un léger débriefing de la défaite face aux Clippers et l’intérieur des Wizards prend le temps de répondre à nos questions.
Le Guyanais réalise sa meilleure saison en NBA et depuis 10 matches tourne à 12,5 pts et 4,9 rbds. Quand il score plus de 13 pts et dépasse les 6 rebonds, c’est bien simple, Washington gagne. Signe de son influence sur le jeu d’une franchise qui revit depuis le retour de John Wall. Forcément, le contexte se prête à notre curiosité, et comme d’habitude, Kevin nous a répondu avec sourire et gentillesse.
On a appris que tu étais désormais représenté par Rich Paul, l’agent de LeBron James. C’est vrai ?
C’est effectivement exact.
Pour quelles raisons tu as pris cette décision ?
Tout d’abord, c’est un accord arrêté entre Bouna (Ndiaye) et moi, la décision est venue des deux. On en a parlé ensemble et après ça, j’ai dû prendre une décision. J’ai quasiment eu le top 10 des agents NBA qui m’ont approché et j’ai fait mon choix. Rich Paul n’est pas forcément dans ce top 10 mais son discours me convient et on a fait le choix ensemble avec ma famille. Mes parents étaient là quand on l’a rencontré et j’en ai aussi un peu parlé avec LeBron quand on a joué à Miami. Il n’a pas beaucoup de joueurs et j’aime ça. J’ai apprécié son approche et sa méthode, mes parents aussi.
Quand les meilleurs agents de la ligue te convoitent, est-ce que tu réalises que tu as pris une nouvelle stature ? Car ça n’aurait pas été le cas l’an dernier.
Clairement c’est impressionnant ! Eh oui quand j’ai vu ça, j’ai compris qu’il se passait quelque chose. C’est chaud (sourire).
Est-ce que finalement le plus difficile maintenant ne serait pas de rester dans le même état d’esprit ?
Non (sèchement). Je pense être quelqu’un qui a toujours su garder la tête sur les épaules. Je sais d’où je viens, je n’ai pas forcément grandi dans des bons milieux et je sais que tout ce que j’ai, ça n’arrivera pas deux fois. Quand t’as une opportunité, il faut la saisir sans te croire déjà arrivé. Jusque-là ça m’a toujours réussi de ne pas me prendre pour un autre et de garder la tête sur les épaules, je ne vois pas pourquoi je changerais quelque chose maintenant.
Il y a une stat qui nous intrigue depuis le début de saison…
(Il coupe) Je sais ce que tu vas dire… (sourire)
C’est que tu prends….
(Il termine la phrase) Beaucoup de shoots, je sais… (sourire)
Donc nous ne sommes pas les premiers à te le faire remarquer ! Cela veut dire que le coach te laisse le champ libre quand t’es sur le parquet ?
J’ai les tickets shoots c’est sûr ! Les coaches attendent de moi différentes choses, la défense et les rebonds étant la priorité. En attaque, je dois être agressif et le coach appelle beaucoup de systèmes pour moi. J’ai souvent la balle à l’intérieur et quand je l’ai, je joue. Maintenant je ne loupe jamais cinq tirs d’affilée, ce n’est pas comme si j’enchaînais les shoots. Tout dépend de comment ça se passe dans le match et si tu regardes bien, je ne donne jamais le sentiment de beaucoup shooter, même si au final parfois c’est le cas.
Tu as l’impression que tu shootes plus extérieur ?
Maintenant que je suis décalé en 4 la plupart du temps, oui j’ai développé mon tir extérieur. Mais bon, c’est encore 50-50 car je suis aussi beaucoup au poste en attaque. Et puis ça dépend avec qui je joue dessous.
Le retour de John Wall vous fait énormément de bien.
Son impact est énorme, depuis qu’il est revenu on joue beaucoup mieux. C’est le go-to-guy et la star de l’équipe. Tout le monde l’adore. Pour son comeback, toute la salle s’est levée à Washington, c’était abusé. Il a immédiatement apporté, en sachant revenir tout de suite en forme. On a maintenant un vrai créateur, un joueur capable de driver, de fixer la défense et de servir Bradley (Beal) à 3-points ou Néné et moi dessous. Il crée plus le jeu et ça crée des espaces, donc pour l’équipe ça n’est que du positif.
Penses-tu qu’avoir vu l’équipe en aussi grandes difficulté pendant son absence l’a contraint à changer son approche et à faire plus tourner le ballon ?
Il a toujours fait des passes !
Oui mais ce n’est pas un meneur-passeur et gestionnaire de nature !
Il score, il passe ! Comme Chris Paul fait et comme beaucoup d’autres meneurs font. On est en Amérique, pas en Euroligue. C’est le jeu NBA, les gars sont agressifs et jouent pour eux. Depuis qu’il est revenu, il fait tourner la baraque et l’équipe joue vachement mieux.
On va terminer par une question sur ta présence au rebond. As-tu le sentiment de ne pas en prendre encore assez ?
Je joue 25 minutes et j’en prends 5, je ne suis pas non plus à 3 ou 2. Donc oui je peux faire mieux mais je ne suis pas déçu par cette moyenne. C’est sûr que je devrais en prendre davantage mais ce n’est pas non plus mauvais.
Source : BasketUSA