Réseaux sociaux, vidéos : les clubs à l'heure du numérique
C'est un incontournable pour séduire fans et partenaires commerciaux. Aujourd'hui, l'image des clubs professionnels se joue de plus en plus souvent en ligne. Quels sont les équipes les plus suivies sur les réseaux sociaux ? Comment innovent-elles pour augmenter leur visibilité ? Notre dossier.
Vous ne les avez peut-être jamais aperçus, mais si vous suivez la Pro A vous avez forcément déjà vu leur travail. Ils et elles, ce sont les responsables de la communication digitale au sein des clubs. Sur les réseaux sociaux, en vidéo, en photo ou en infographie, ils permettent à leurs équipes respectives d'être visibles sur internet. Un métier qui évolue à grande vitesse et des postes occupés par une nouvelle génération qui oeuvre dans l'ombre. "Il y a encore peu de temps, tout cela n'existait pas", confie Alexis Dilas, responsable de la communication à la JL Bourg. "Mais la Ligue s'est professionnalisée, les clubs se structurent et créent de l'emploi". Et pour continuer à grandir, il faut passer par le digital, où fans et annonceurs sont à conquérir.
Aujourd'hui, tous les clubs de Pro A sont présents sur les réseaux sociaux. Facebook et Twitter sont des incontournables pour relayer l'actualité des clubs. Instagram, avec ses photos et ses courtes vidéos, est un axe de progression encore peu investi tandis que Snapchat, réseau social plébiscité par les plus jeunes, est un territoire quasiment inexploré. Les clubs sont aussi de plus en plus nombreux à investir dans la vidéo, mais la qualité des productions est encore très inégale. Pour mesurer la présence numérique des équipes de Pro A, nous avons répertorié dans le tableau ci-dessous (cliquez ici pour la version mobile) le nombre d'abonnés qu'elles comptent sur les différents réseaux.
S'il est un bon indicateur, ce classement ne dit pas tout de l'activité numérique des clubs. Les plus grands noms et les plus grands palmarès sont naturellement les plus suivis. Cholet, sans être particulièrement actif et innovant, pointe dans le top 5 sur Facebook grâce à sa popularité. Et à l'inverse Bourg-en-Bresse, qui réalise entre autres des résumés de matchs parmi les plus réussis, ne pèse pas lourd en termes d'abonnés, la faute à une réussite sportive plus récente et une aire urbaine limitée.
Leader sur Twitter et Instagram, Strasbourg est l'un des premiers à avoir investi le terrain numérique et en récolte les fruits. Très présent et réactif, le club mise beaucoup sur les vidéos qui permettent de suivre le quotidien de l'équipe. "Les joueurs se prennent au jeu avec plaisir", sourit Franklin Tellier, responsable communication digitale de la SIG Strasbourg. La saison passée, Erving Walker et A.J. Slaughter avaient par exemple lancé un concours de "trick shots" très réussi. Cette saison, le club alsacien propose de longues interviews, comme celle de Frank Ntilikina réalisée juste avant le début de sa saison NBA.
"On essaie d'avoir tout le temps des informations en ligne", explique Franklin Tellier. "De mettre du contenu tous les jours pour attirer les gens. La communication digitale est un puissant vecteur. Ça va nous permettre d'augmenter la vente de billets, de faire parler de nous, de créer des synergies avec le marketing. C'est une nécessité de grandir en tout sur le digital. Et puis les réseaux sociaux, c'est fondamental pour aller chercher les jeunes, séduire de nouveaux fans. La future Arena sera d'ailleurs une salle connectée, on y travaille."
Un retard à combler
Avec un championnat à l'image parfois vieillotte, qui souffre de la comparaison avec une NBA omniprésente sur les réseaux sociaux, où chaque info, chaque action est disponible presque instantanément, la présence numérique est obligatoire pour renouveler le public. "Dans le basket français on était un peu à la bourre", concède Alexis Dilas de la JL Bourg. A titre de comparaison, l'Olympique de Marseille (foot) compte plus de 4 millions de fans sur Facebook, le Stade Toulousain (rugby) 500 000, et le Montpellier Handball 102 000. En basket, la NBA regroupe plus de 34 millions de fans sur Facebook, et rien que 661 000 pour la page NBA France, quand la LNB est à 98 000. "Je pense qu'on est toujours un peu en retard", reprend le jeune homme. "La NBA a 20 ans d'avance sur nous, mais c'est une question de moyens". Des moyens que les clubs de LNB se donnent peu à peu.
Les exemples sont nombreux. À Nanterre, des infographies soignées permettent de visualiser les matchs sous un autre angle. A Monaco (voir ci-dessus) ou Gravelines, on insiste de plus en plus sur la vidéo pour suivre l"équipe au plus près. À Limoges, l'application mobile permet de vivre les rencontres même lorsqu'on ne peut venir à Beaublanc. "La communication sur les réseaux sociaux est aujourd'hui plus importante que celle sur le site internet", pose Pierre Fleutelot, responsable communication et marketing digital à la JDA Dijon. C'est sur ces réseaux que l'on va chercher à remplir les salles.
"Évidemment, on garde un site internet parce que ça reste un point de chute pour les habitués", poursuit le spécialiste du club bourguignon. "Mais si on veut faire du concret, de l'instantané avec des gens qui sont branchés 24 heures sur 24 sur leurs téléphones, connectés sur Facebook ou Twitter, il faut être sur les réseaux sociaux. C'est là que les clubs peuvent entretenir une proximité avec les fans, fidéliser les supporters. Ça nous permet aussi d'aller chercher plus loin, d'essayer de nous ouvrir à de nouvelles cibles et à de nouveaux territoires."
Les sponsors intéressés
Au-delà des fans, la communication digitale d'un club est aujourd'hui fondamentale vis-à-vis des partenaires. Une structure qui veut grandir a besoin de sponsors et d'investisseurs. Et plus l'image que dégage un club est positive, soignée et moderne, plus les entreprises vont avoir envie de s'y associer. C'est parfois très concret, comme lorsqu'une marque s'affiche au début d'une vidéo. Les teasers de la SIG Strasbourg avant les gros matchs, comme ici pour la réception de Villeurbanne, permettent par exemple au service commercial de vendre un encart de pub à un partenaire.
Mais l'effet peut aussi être plus global. "Aujourd'hui, si on parle beaucoup de la JL Bourg, ce n'est pas seulement dû à la réussite sportive", affirme Alexis Dilas. "Je pense qu'on a une image assez positive parce qu'on est un club qui se bouge et qui se donne les moyens de produire des contenus médias de qualité. Quand on a fait les tutos (voir vidéo) la saison dernière, on a été partagé par la fédération, je pense que c'est quelque chose qui marque aussi les esprits". Et que les partenaires potentiels ont en tête au moment de s'engager.
Malgré le retard concédé sur certains clubs étrangers (Bamberg et Vitoria sont souvent cités en exemple), les choses sont donc en train de bouger en France. La FFBB, avec sa présence sur les réseaux et la qualité de ses vidéos "inside" auprès des équipes de France, montre la voie pour améliorer l'image du basket en France. Une voie où de nombreux clubs se sont engouffrés sans attendre. Depuis quelques semaines, plusieurs chargés de communication digitale échangent même quotidiennement sur la messagerie instantanée Whatsapp. Ils sont un groupe d'une dizaine de membres, venus de clubs de Pro A et de Pro B, à discuter, s'échanger des conseils et des astuces, à s'entraider et s'envoyer des fichiers. Si la concurrence est féroce sur les terrains, ils ont compris que les clubs avaient tout à gagner à oeuvrer ensemble pour une plus grande visibilité du basket français.
Source : BeBasket