Kevin Séraphin : «Pas d'entraînements comme ça en NBA»

15.12.2011

Avant de rejoindre les Washington Wizards en NBA, Kevin Séraphin est revenu avec BasketNews sur son passage à Vitoria. Si sa pige espagnole s’est bien déroulée, tant en Liga ACB qu’en Euroleague, le jeune pivot des Bleus a tout de même connu une période d’adaptation, qu’il nous détaille ici.

Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE (15/12/11)

Lors de ton premier match de championnat contre Séville, tu as marqué 11 points en 30 minutes et Vitoria s’est imposée. T’attendais-tu à des débuts aussi réussis ?

Non mais mon premier match avec Vitoria, en préparation, c’était peut-être le plus mauvais de ma vie. Je n’ai jamais été aussi mauvais. Bon, j’étais très fatigué, je suis rentré crevé de l’équipe de France. On joue la finale de l’Euro le dimanche soir et le mercredi j’étais déjà en Espagne. Je ne te cache pas que c’était chaud. Les deux premières semaines d’entraînement, c’était assez difficile, en plus de ça les entraînements d’Ivanovic (Dusko, l’entraîneur de Vitoria), c’est tendu.

À quel point ?

C’est incroyable, je n’ai jamais connu ça de ma vie. Florent Piétrus l’avait déjà connu et m’avait dit qu’à l’époque, quand il rentrait de l’entraînement, il mettait juste son réveil pour le lendemain. Je le chambrais en lui disant que c’était une petite nature mais quand je suis arrivé à Vitoria, je faisais la même chose. Ivanovic, c’est à l’usure.

As-tu des exemples à nous donner ?

Après notre défaite contre Malaga, ça été le plus dur. Tu peux perdre mais contre Malaga, on avait perdu en jouant mal et ça, Ivanovic ne l’accepte On est arrivé le matin, on a couru autour du terrain mais pas en groupe, à la file indienne, comme les militaires. Ensuite, le dernier de la file devait slalomer entre tous les gars pour repasser devant la file. Et on ne trottine pas, on court, c’est du sprint. On a enchaîné ça au moins sept ou huit fois. Ça te prend déjà 45 minutes. Ensuite, deux heures d’entraînements, et puis on a encore sprinté. Et l’après-midi, pareil, encore deux heures et demi d’entraînements, du sprint... Je confirme, Ivanovic, ce n’est pas du tout une légende. Des entraînements comme ça, en NBA, ça n’existe pas. Mais malgré ça, je l’aimais bien, le courant passait bien entre nous et lui aussi m’aimait bien, il me l’a dit. Il paraît d’ailleurs que c’est le genre de choses qu’il ne dit jamais à ses joueurs. J’ai su par Bouna (N’diaye, l’agent de Kevin) qu’Ivanovic m’appréciait parce que je ne trichais jamais et pour lui, la dureté au travail c’est le plus important. C’est pour ça qu’il m’a fait confiance.

Finalement ton intégration à Vitoria a semblé plus facile qu’à Washington, non ?

Pas forcément. À Washington, je suis arrivé blessé, je n’avais pas forcément toutes mes qualités. Du coup j’ai réfléchi beaucoup, je me posais des questions sur mon jeu et à partir de là, ça partait en vrille alors qu’à Vitoria, je suis arrivé en forme, j’ai tout de suite enchaîné. Mais j’ai toujours su m’adapter, je n’ai pas de soucis à ce niveau-là, je ne suis pas quelqu’un qui va mettre du temps. Maintenant le seul truc qui est toujours un peu chiant c’est la barrière de la langue.

Tu parles espagnol aujourd’hui ?

Non, je sais dire quelques mots mais je ne parle pas Espagnol. Pourtant en Espagne, au club on ne parle qu’en Espagnol. Mais c’est une langue quand même assez similaire au Français et puis le langage basket, tu le retiens vite parce qu’ils répètent tout le temps les mêmes mots. J’ai quand même eu du mal avec les appellations. Par exemple, on avait un système qui s’appelait « pugno » (poing) et un autre « uno » (un) et avec leur accents, ils parlent tellement vite que parfois tu ne sais pas lequel des deux ils ont appelé. Mais au bout d’une semaine, j’ai compris.

À ton arrivée chez les Bleus, tout le monde avait été bluffé par ta capacité à apprendre les systèmes de jeu en peu de temps. C’était pareil à Vitoria ?

J’ai fait comme avec l’équipe de France je me suis forcé. Tous les soirs je regardais les fiches, je regardais, je regardais… Quand j’étais jeune, c’était plus dur pour moi d’emmagasiner les systèmes, mais maintenant, je les mémorise vite. Le plus dur ça a été en arrivant à Washington. On avait entre 25 et 30 systèmes à chaque fois avec des variantes. Sur un même système, on va parfois jouer pour le 2, pour le 3, pour le 4… Plein de trucs comme ça. C’était dur au début mais je pense que ça m’a beaucoup aidé et c’est vrai qu’en arrivant en équipe de France et à Vitoria, c’est rentré très vite.

Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le BasketNews n°582, actuellement en kiosque

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