ITW Rudy Gobert : "Je ne suis pas en NBA pour m’amuser"
Les regards affluent mais, surtout, ils ont changé. Ces derniers mois, les derniers doutes sur Rudy Gobert se sont évaporés. Avant d’être un artisan majeur de la médaille de bronze des Bleus à l’Euro en septembre, le pivot (2,15 m, 23 ans) avait posé les bases de son nouveau statut en NBA, dont la saison reprend dans la nuit de mardi à mercredi. Installé titulaire du Jazz d’Utah en février, Rudy a rugi : 11,1 points, 13,4 rebonds et 2,6 contres en moyenne pour clore l’exercice. Et son équipe, comme par hasard, est devenue la meilleure défense de la ligue sur la période. En pays mormon, c’est peu dire qu’on attend la suite avec impatience.
Comment s’est passée la transition Euro-NBA ?
Je n’ai pas eu beaucoup de temps entre les deux. Juste une semaine de vacances, pendant laquelle j’ai répondu à pas mal de sollicitations. Et derrière, je suis parti direct pour Utah. Une fois sur place, il a fallu se réadapter. A un moment, j’ai ressenti de la fatigue mais maintenant, je suis bien et prêt à démarrer la saison.
Vous a-t-on parlé de votre Euro du côté du Jazz ?
Les dirigeants ont regardé les matches, le General Manager (Dennis Lindsey) et son assistant sont même venus sur place à Montpellier pour la première phase. Le coach (Quin Snyder) voulait venir aussi mais il avait du travail à Utah. Ils m’ont dit qu’ils étaient contents de ce que j’ai montré avec l’équipe de France, contents de voir que je me sentais bien sur le terrain.
Pour la première fois depuis votre arrivée en NBA en 2013, vous allez avoir un rôle central de titulaire. Cela change-t-il l’approche ?
Un peu. Cette saison, je sens que la situation est bonne, pour moi comme pour l’équipe. C’est un nouveau challenge qui se présente. L’an passé, je voulais vraiment gagner ma place. Cette fois, il s’agit d’œuvrer pour que l’équipe s’installe parmi les meilleures.
Avez-vous ressenti votre changement de statut pendant la préparation ?
Bien sûr. Je sens bien qu’il y a plus d’attentes autour de moi, plus de demandes de journalistes. Après ma seconde partie de saison dernière, ils me demandent où je place désormais mes objectifs. A titre personnel, j’ai envie d’être l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, défenseur de la NBA. Et de contribuer aussi à ce que l’équipe soit la meilleure défense de la ligue. C’est un vrai objectif. Même si le plus important reste une place en playoffs.
Votre impact a dépassé les espérances de la franchise. Vous-même vous êtes-vous surpris ces derniers mois ?
Pas vraiment. J’avais en tête d’être titulaire avant la fin de saison. J’ai essayé de saisir toutes les opportunités offertes. J’ai eu la chance d’avoir un coach qui a cru en moi dès le début. Mon temps de jeu a augmenté petit à petit. J’ai commencé à 12 minutes mais chaque mois, j’en ai gagné 3 ou 4. Jusqu’à finir titulaire.
Voyez-vous fleurir de plus en plus de maillots avec le n°27 ?
Oui. Cet été, je voulais d’ailleurs en acheter et c’était impossible : les deux boutiques du Jazz étaient en rupture de stock. En fait, mon maillot n’était pas en vente au départ car seuls les joueurs majeurs sont concernés. Mais ils ont fini par le commander car il y avait de la demande. J’avoue que ça m’a fait plaisir. Je sens un gros engouement des fans autour de moi. Dans la rue, on m’interpelle de plus en plus. Sans me déranger, d’abord pour me glisser un mot d’encouragement ou me dire que je suis leur joueur préféré.
Si vous étiez dans une franchise plus glamour, développant un plus gros marché, vous seriez déjà une superstar, non ?
Chacun sa route. C’est vrai que L.A ou New York sont de très gros marchés, avec des équipes très suivies. C’est clair aussi que pour s’amuser, c’est mieux. Sauf que je ne suis pas en NBA pour m’amuser, mais bien pour devenir un grand joueur. De ce point de vue, je ne pouvais pas rêver mieux que le Jazz, qui est une très bonne organisation.
On vous promet un prochain contrat mirifique, de l’ordre de 100 millions de dollars sur 5 ans. Difficile de ne pas avoir la tête qui tourne…
Petite précision, je peux signer la prolongation cet été, mais le contrat entrerait en vigueur au bout de ma quatrième saison (donc à l’aube de la saison 2017-18). Alors oui, c’est dans un petit coin de mon esprit, mais je pense d’abord à me concentrer sur ma saison et mes objectifs. Ce n’est pas rien, ce sont de gros chiffres, mais cela n’influera pas sur ma motivation.
Cela pourrait faire de vous le sportif français le mieux payé tous sports confondus. Pas mal pour quelqu’un dont l’arrivée en NBA suscitait quelques doutes.
Oui, ce serait pas mal. Mais en parler tant que ce n’est pas signé est assez délicat. Si jamais cela se concrétise, je commencerais par acheter une maison à ma mère.
Vous dites souvent que le scepticisme à votre égard a pu vous booster. Maintenant que vous êtes couvert d’éloges, ne risquez-vous pas de vous endormir un peu ?
Depuis quelques mois, j’entends bien plus de compliments, c’est vrai. Mais s’ils sont accompagnés d’un bémol ou d’une critique, c’est davantage ça qui va attirer mon attention. Et je sais qu’il y en aura toujours. Même LeBron James est l’un des joueurs les plus critiqués qui soient.
Démontrer que vous pouvez avoir un impact fort en attaque, c’est la prochaine marche ?
L’idée est de montrer que je peux avoir beaucoup plus la balle, être plus agressif et scorer. Autrement dit être une plus grande menace sur les attaques placées, et pas simplement sur des rebonds offensifs et des claquettes.
Essayez-vous de développer un mouvement en particulier, qui serait votre signature ?
Le hook main gauche (bras roulé). Je vous le dis mais bon, c’est censé être secret !
Avez-vous vu que le site spécialisé Bleacher Report vous classe comme le 17ème meilleur joueur NBA de la saison à venir ?
Oui. Mais quand j’ai vu ça, je me suis surtout rappelé de ma position dans ce classement il y a un an : je ne faisais même pas partie des 300 premiers ! C’est une prévision, je prends donc ce classement avec des pincettes, même si c’est déjà une forme de reconnaissance.
Ce classement vous propulse aussi meilleur Français de NBA, devant Tony Parker…
Devant Tim Duncan aussi (18ème) ! Même des gens de mon entourage m’ont dit que c’était un peu choquant que de tels joueurs soient derrière.
Le Jazz comprend beaucoup de jeunes joueurs en progression. Est-ce l’équipe du futur ?
Du futur mais peut-être aussi du présent. C’est ce qu’on se dit entre nous en tout cas. On veut s’installer et retrouver les playoffs (que la franchise n’a plus atteints depuis quatre ans). On a toutes les armes pour.
Si vous deviez mettre une pièce sur l’affiche de la finale…
Quand tu regardes l’effectif monté par les Spurs, il y a quand même beaucoup d’atouts. Je les vois bien au rendez-vous. Avec Cleveland en face.
(Source : Le JDD)
Autres actualités

Vidéos : Les réactions après Orléans-Cholet (24-10-15)

Spéciale NBA - Rudy GOBERT et Kévin SERAPHIN
