Dire que Rudy Gobert est en vacances, c’est une formule pour le moins maladroite. Le grand pivot français du Jazz n’est certes plus sur les terrains pendant que ses coéquipiers en Équipe de France, Tony Parker et Boris Diaw, se battent encore pour ajouter à leur palmarès. Mais Gobert n’a pas chômé hier pour son apparition à l’AccorHotel Arena de Paris-Bercy, lors des finales de la Coupe de France. Autographes, photos, interventions à la radio, interview à la télé (et même jusque tard dans la nuit dans les studios de BeIN Sport), notre Rudy national était sur tous les fronts. Pendant un de ses rares moments de tranquillité, Basket USA a saisi l’occasion de s’asseoir à ses côtés pour discuter de sa saison fraîchement terminée.

Salut Rudy, vous êtes malheureusement en vacances anticipées, obligé de regarder les playoffs à la télé… 

Même avec du recul, c’est assez difficile je dois dire. Parce que certaines de ces équipes qui jouent encore, on les a battues. C’est frustrant. Mon état d’esprit maintenant, c’est d’être prêt pour la saison prochaine et je suis confiant que la prochaine sera notre meilleure saison. On devrait pouvoir faire en sorte qu’on ne s’inquiète pas des playoffs sur les tout derniers matches.

Qu’est-ce qui vous a manqué pour aller accrocher ces playoffs ? Vous avez produit un dernier effort, mais trop de blessures, c’est ça ?

Oui. J’étais bien jusqu’à ce que je me torde la cheville. Après, je n’ai pas pu jouer les derniers matches. Bon, le dernier comptait pour du beurre mais il y avait aussi la fin de match qui était plus importante contre Dallas.

Quand on voit une équipe comme Portland au deuxième tour maintenant, on imagine que ça aurait pu être vous…

C’est une équipe que beaucoup de gens sous-estimaient. Je sais que nous, on ne les a pas sous-estimés. C’est une équipe qui a beaucoup de talent, avec des intérieurs pas très connus mais qui jouent très dur. Ça défend et ils ont des joueurs qui peuvent prendre feu. Pour moi, ils méritent d’être là où ils sont.

Quel bilan tirez-vous à titre personnel ? 

Mitigé par rapport aux blessures. Je pense avoir fait une meilleure saison que les stats veulent bien le dire. Les blessures et le fait de ne pas faire les playoffs entachent un peu le bilan mais j’ai bien progressé cette année. J’ai encore beaucoup appris cette saison, et j’espère bien que la prochaine sera la meilleure de ma carrière.

Vous avez fini 7e au classement des meilleurs défenseurs, plus haut que l’an passé, une satisfaction ?

Non, ça ne me fait rien. Kawhi [Leonard] mérite son titre. Comme on n’a pas fait les playoffs, je ne peux pas me plaindre [de ce classement]. On a tout de même la deuxième meilleure défense de la ligue [à 95,6 points encaissés, juste derrière les Spurs, ndlr], sachant que j’ai raté 20 matches. Mais bon, cette saison n’a pas été facile avec les blessures. La prochaine sera meilleure.

Vous mettez ça sur le compte de la malchance ou est-ce qu’il y avait aussi l’enchaînement des compétitions après l’Euro ? 

Quand quelqu’un te retombe sur le genou, oui, c’est de la malchance. C’est clair que j’ai dû enchaîner et il y a eu quelques moments où j’ai eu un peu de fatigue. Mais bon, je n’ai même pas glissé, quelqu’un me tombe sur le genou. N’importe qui, humainement conçu, se serait blessé. Et encore, ça aurait pu être bien pire ! Je m’en sors avec une entorse alors que ça aurait pu être rupture des ligaments, etc.

Quel est votre programme de rééducation actuellement ? 

Je fais deux séances de kiné par jour pour soigner ma cheville. Mon kiné m’a dit que ça prendrait encore pas mal de temps, un mois, pour être bien. Et mon club me veut en juin pour soigner ma cheville, pour travailler physiquement. Et puis je pense que c’est important pour moi, pour la suite de ma carrière, que je prenne bien soin de tout ça maintenant.

Ça a été très dur, j’imagine, de prendre cette décision ?

On sait à quel point c’était dur l’année dernière de perdre à ce moment-là [de l’Euro, en demi-finale face à l’Espagne, ndlr]. C’est la même chose. On a des objectifs en tant qu’équipe. On a une revanche à prendre. C’est clair. Maintenant, j’ai 23 ans, je ne vais pas me griller physiquement. Le plus important pour moi, ce sont les dix ou quinze prochaines années.

Du coup, vous vous projetez déjà sur la prochaine campagne NBA. Avec le retour de Dante Exum, et un groupe plus complet.

Dante va nous faire beaucoup de bien, en défense comme en attaque. J’espère qu’il va bien se remettre dedans. Il sera plus mature, plus costaud. Ça peut nous faire que du bien.

Entre temps, il y a une intersaison où ça devrait pas mal bouger. Utah n’est pas un grand marché mais il y a du potentiel tout de même…

Il faut qu’on fasse de bons mouvements cet été. Mais pour moi, on a déjà une équipe qui peut faire les playoffs. Je le répète mais je pense qu’on est bien meilleur que notre classement de cette année le laisse penser. Je ne suis pas inquiet. Tout le monde va travailler dur cet été et si on arrive à éviter les blessures, on va enfin pouvoir montrer notre vrai niveau.

Quel était le fin mot de votre franchise lors de votre « exit interview » ? Sur quoi veulent-ils que vous bossez en particulier pendant l’été ?

Ils veulent avant tout que je me soigne bien. Et puis ensuite que je travaille sur mes jambes. C’est vrai qu’en début de saison, je suis arrivé un peu épuisé même si je n’étais pas blessé. Ils veulent vraiment que je prenne soin de moi, et que je travaille dur physiquement pour tenir la saison. Je serai avec eux en partie cet été. C’est leur objectif, mais c’est le mien aussi. Je veux, que ce soit pour les JO ou la saison prochaine, pouvoir être dominant. L’été dernier, je n’ai pas eu de repos, et je ne le regrette pas car l’Euro, c’était magnifique. Mais cet été, il faut être intelligent.

D’ici à la saison prochaine, on espère quand même bien vous revoir en Bleu pour les JO. C’est une occasion presque unique ? 

Bien sûr, les JO, c’est magnifique. Je pense que tous les athlètes de haut-niveau te diront aussi que c’est magnifique. Et j’espère bien que je pourrai y participer cet été.

(Source : Basket Actu)