ITW Nando De Colo : « L’été dernier, on s’est vu un peu trop beau ! »
Revenu en Europe après deux saisons mi-figue, mi-raisin en NBA, où il n’a eu sa chance ni avec les Spurs ni avec les Raptors, Nando De Colo (1,95 m, 29 ans) a tout gagné l’an dernier avec le CSKA. Collectivement, son club a dominé la saison régulière (9V-1D au premier tour, 10-4 au Top 16, les deux fois premiers de ses groupes) avant de triompher au Final Four (victoire 101-96 en finale face à Fenerbahçe). Et sur le plan individuel, Nando (auteur de 19,4 points, 3,6 rebonds et 5,0 assists par match), a été sacré MVP de la saison régulière comme du Final Four. Idem dans la très compétitive VTB League. Reparti sur des bases identiques (19,8 pts à 54,5% à trois-points après 4 journées), le Nordiste formé à Cholet, a aussi connu une cruelle désillusion avec l’élimination des Bleus en quart de finale des Jeux Olympiques face à l’Espagne. Egratigné un peu injustement, dans la presse, par TP ou Nicolas Batum à la fin de l’été, Nando évoque sans langue de bois ses réussites comme l’aventure tristounette de l’équipe de France.
Revenons un peu sur l’équipe de France, si vous le voulez bien. Quels sentiments prédominent, avec un peu de recul, après cette triste campagne des J.O. de Rio ?
Oui, ça a été clairement un échec ce qui s’est passé cet été. Il ne faut pas s’en cacher. Nous avons d’abord fait le boulot en allant chercher cette qualification pour les J.O., et ça n’avait rien de facile, quoique les gens puissent en penser. Nous sortions tous d’une saison très longue, avec très peu de temps pour nous préparer. De plus, nous avons eu trois ou quatre matches de préparation qui nous ont conduit à pas mal voyager. Pour se retrouver derrière aux Philippines… Franchement, l’été a été très, très long et nous avons eu un vrai coup de barre aux jeux. Sans doute qu’on ne s’est pas préparé de la meilleure des manières. Le coach l’a dit et répété : nous étions très concentrés pour aller chercher la qualif pour les Jeux, mais une fois qu’on a obtenu ça, nous avons été sur un rythme qui n’est pas le nôtre… Et une fois sur place, je crois qu’on s’est menti. On pensait qu’une fois que le quart de finale arriverait, on allait enclencher je ne sais quel bouton et que là, tout se passerait comme dans un rêve. Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Il faut se préparer à ce genre de match. C’est aussi pour ça qu’on a pu avoir des résultats par le passé : on était prêt ! Là, on s’est vu, je pense, un peu trop beau. Ce qu’il fallait, c’était rentrer avec beaucoup d’agressivité contre l’Espagne, parce qu’on sait bien que c’est la seule manière de les inquiéter. Là, ce sont eux qui nous ont dicté le rythme de la rencontre pendant 40 minutes. Et ça a été très compliqué… Personnellement, je l’ai déjà dit, c’est une défaite qui a été très vite digérée. Pas parce que je m’en fous, au contraire. Mais ce n’est pas comme si cela avait tenu à quelques détails. Là, tout est allé de travers. Après, je suis rentré très vite avec ma famille, j’avais mon mariage à préparer aussi, donc j’avoue que ça a été très vite oublié.
Franchement, une fois le bémol de la difficulté que posait le TQO mal placé dans le calendrier, est-ce que, à très haut niveau, cette équipe de France pouvait espérer mieux avec une préparation aussi tronquée et un leader débarquant trois jours avant le premier match ?
C’est ce que je viens de dire. Après, ce sont des choix qui ont été faits et je ne veux pas rentrer là-dedans. Ce n’est pas mon problème. Quand je suis en équipe de France, je suis 100% concentré pour faire tout ce qui est possible pour aider l’équipe. Après, tout ce qui se passe à côté, si ce ne sont pas des décisions qui ont été prises – comme c’est parfois le cas – après avoir demandé l’avis des joueurs, ce n’est pas mon problème et je n’ai pas envie de m’éterniser là-dessus. Il y a eu des choix de faits. Voilà. On est passé à côté de nos J.O., c’est comme ça, il faut assumer. Maintenant, c’est vrai que c’est bête parce qu’on était tous sur la même longueur d’ondes : aller chercher une médaille aux Jeux, la seule qui nous manquait en plus. Cela aurait été génial pour que l’aventure se termine bien pour Tony (Parker), Flo (Pétrus) et Mike (Gelabale). Mais on ne s‘est pas donné les moyens, c’est un fait. On s’est dit que la Russie, il y a quatre ans, en était passé par le TQO avant d’aller chercher la médaille de bronze. Donc que ça allait se passer comme ça pour nous aussi. Mais en fin de compte, ce n’est pas comme ça que ça se passe. Dans le sport, les choses sont un peu plus complexes que juste se raconter comment les choses vont se passer…
Mais comment avez-vous vécu les critiques émises par Tony après la compétition ?
Non… (Soupir et longue pause) Il n’y a pas eu… enfin personnellement, je n’ai pas vraiment fait attention à tout ça. Et puis, je pense qu’il y a eu certaines choses qui ont été mal interprétées. En plus, quand c’est imprimé sur le papier et qu’on lit, cela peut paraître un peu différent de ce que le joueur pensait vraiment. Moi, derrière, je sais que j’ai eu quelques discussions avec Tony pour savoir comment tout se passait. Lui m’a écrit pour me demander comment se déroulait ma reprise à Moscou. J’ai fait la même chose lors de la reprise NBA. Après, tout ça n’est pas bien grave. Pas important… Je crois que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire… Maintenant, il faut essayer de se tourner vers le futur et faire le maximum pour conserver cette continuité dans la performance qu’on a pu avoir pendant toutes ces années. Après, il faut aussi apprendre de nos erreurs. Moi, sur tout ce qui a été évoqué, ce qui me déplait le plus, c’est ce que Nico (Batum) a pu dire. Parce que si c’est vraiment ce qu’il a pu ressentir, c’est à dire de ne pas avoir été exploité de la meilleure des manières, bah ce n’est pas après la compétition, dans la presse, qu’il faut le dire, mais plutôt pendant la compétition et au moment voulu. Il faut qu’il en discute avec le coach, avec les autres leaders de l’équipe aussi, ceux qui ont le plus d’expérience. Là, on essaie de tout mettre à plat sur le moment pour corriger le tir. Pas après, quand c’est trop tard… Donc, j’espère que ce sont des choses qu’on essaiera de faire évoluer à l’avenir : se dire les choses et essayer d’aller de l’avant pour avoir l’équipe la plus compétitive possible.
Mais comment avez-vous vécu les critiques émises par Tony après la compétition ?
Non… (Soupir et longue pause) Il n’y a pas eu… enfin personnellement, je n’ai pas vraiment fait attention à tout ça. Et puis, je pense qu’il y a eu certaines choses qui ont été mal interprétées. En plus, quand c’est imprimé sur le papier et qu’on lit, cela peut paraître un peu différent de ce que le joueur pensait vraiment. Moi, derrière, je sais que j’ai eu quelques discussions avec Tony pour savoir comment tout se passait. Lui m’a écrit pour me demander comment se déroulait ma reprise à Moscou. J’ai fait la même chose lors de la reprise NBA. Après, tout ça n’est pas bien grave. Pas important… Je crois que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire… Maintenant, il faut essayer de se tourner vers le futur et faire le maximum pour conserver cette continuité dans la performance qu’on a pu avoir pendant toutes ces années. Après, il faut aussi apprendre de nos erreurs. Moi, sur tout ce qui a été évoqué, ce qui me déplait le plus, c’est ce que Nico (Batum) a pu dire. Parce que si c’est vraiment ce qu’il a pu ressentir, c’est à dire de ne pas avoir été exploité de la meilleure des manières, bah ce n’est pas après la compétition, dans la presse, qu’il faut le dire, mais plutôt pendant la compétition et au moment voulu. Il faut qu’il en discute avec le coach, avec les autres leaders de l’équipe aussi, ceux qui ont le plus d’expérience. Là, on essaie de tout mettre à plat sur le moment pour corriger le tir. Pas après, quand c’est trop tard… Donc, j’espère que ce sont des choses qu’on essaiera de faire évoluer à l’avenir : se dire les choses et essayer d’aller de l’avant pour avoir l’équipe la plus compétitive possible.
En cours de préparation, vous donnez une interview dans les médias dans laquelle vous revendiquez (gentiment) un nouveau statut. Le lendemain, paraît une interview de Tony titrée : « Je suis toujours le boss ». Quand on constate comment TP a pu passer la main à Leonard et Alridge aux Spurs, de l’extérieur, avouons que l’on s’est dit que tout cela n’était pas top. Vous serez confronté un jour à cette indispensable évolution de votre rôle. Pensez-vous que ce soit difficile à accepter ?
Clairement. Je pense que ça doit être difficile à digérer. Après, cela dépend aussi du caractère des uns et des autres. Moi, je sais que je suis un joueur qui, s’il constate à un moment qu’il n’a plus les mêmes jambes que par le passé, cela ne me dérangera pas d’être dans un rôle différent. Un rôle de mentor auprès d’autres joueurs plus jeunes et de tout faire pour les aider à progresser. Après, comme je viens de le dire, cela dépend du caractère de chacun. Cela doit être aussi difficile, quand on a fait autant pour l’équipe de France et que c’est votre dernière campagne, de ne pas parvenir à atteindre son but. Mais bon… je le répète, ça a été un été compliqué. Tous les joueurs ont vraiment eu du mal à trouver leur place. Même quand Rudy (Gobert) est arrivé dans l’équipe, ça n’a pas été simple. Parce que ça a redistribué pas mal de cartes dans le secteur intérieur. Voilà… Le plus important maintenant, c’est de se tourner vers le futur, parce que pour nous, l’équipe de France, ça ne se terminait pas aux J.O. de Rio. Il faut donc juste apprendre de nos erreurs et se préparer au mieux pour les compétitions à venir.
Mais maintenant, même si Boris Diaw sera encore là a priori, les « dinosaures » sont partis. Vous faîtes donc partie des nouveaux dinosaures… Est-ce que remotiver tout le monde autour de la sélection, même ceux qui ont été récemment évincés, est un rôle dans lequel vous avez envie de vous investir ?
Oui, bien sûr. De toute façon, il va y avoir beaucoup de changements l’été prochain. Trois joueurs majeurs arrêtent. Il va donc falloir les remplacer. La meilleure chose à faire, c’est sans doute de rappeler tous les joueurs qui peuvent prétendre à cette équipe de France et relancer un peu une forme de concurrence pour que l’on retrouve cette agressivité, cette envie qu’on a pu avoir par le passé et qui nous a sans doute fait défaut l’été dernier. Après, évidemment, il y aura toujours ce noyau historique vers lequel on pourra se tourner. Mais il faudra, de toute façon, du sang neuf au sein de l’effectif. Il faut remplacer Tony, remplacer Flo, remplacer Mike. Même Boris, il n’a plus ses jambes de 20 ans. Donc il va bien falloir trouver une vraie rotation à son poste. Je pense que c’est le moment pour mettre les choses à plat. Sans oublier bien sûr, les résultats qu’on a pu avoir ni comment nous avons fait pour les obtenir. En créant un noyau sur lequel on se base avec, autour, des joueurs de rôle qui apportent énormément dans un secteur donné. Et surtout retrouver cette faim pour aller chercher les meilleurs résultats possibles. Cela commence par l’été prochain, où nous devrons aller chercher le titre à l’EuroBasket, puis le Mondial en 2019.
Que peut-on vous souhaiter pour 2017, vu que vous avez tout gagné en 2016 ? Ah, si, un titre de Champion d’Europe avec les Bleus ! Croyez-vous cela possible ?
Bien sûr que c’est jouable. Certes des joueurs sont partis, mais il y en a d’autres derrière. On ve devoir remanier nos systèmes de jeu, car personne n’a des qualités équivalentes à celles qui faisaient la force de Tony. Mais on a encore des joueurs de très haut niveau autour desquels il va falloir recréer un collectif. C’est tout. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Après, évidemment, il va falloir le mettre en place, mais je ne suis pas trop inquiet. Ensuite, évidemment, il y a toujours d’autres nations qui seront présentes, comme la Serbie ou l’Espagne, qui ne va pas lâcher l’affaire comme ça. Mais la France reste une équipe qui se doit d’être compétitrice et qui doit montrer aux autres nations que malgré les départs de joueurs importants, elle est toujours au plus haut niveau.
(Source : LNB)
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