ITW Mickaël Gelabale : « Je cherche la stabilité »
Le baroudeur veut enfin se poser. Après avoir parcouru l'Europe et les États-Unis, Mickaël Gelabale pourrait bien s'installer en France la saison prochaine. À 31 ans, le Guadeloupéen, qui joue au Khimki Moscou, évoque sa vie en Russie, le climat compliqué et l'incertitude concernant sa participation au prochain championnat du Monde avec l'équipe de France.
Comment se déroule votre vie en Russie ?
Le problème, c'est le froid (rires)! Je n'aime pas ça. En ce moment, on tourne autour de - 2 à - 5°C. Mais en janvier, c'est descendu sous les -25°C. Du coup, je ne sortais pas. De toute façon, il y a beaucoup d'embouteillages dans Moscou. J'habite à l'extérieur, je ne vais pas souvent en ville ou sur la place Rouge. Je me contente de faire mes courses, d'aller au restaurant et à l'entraînement.
Qu'est-ce qui vous plaît à Moscou ?
Franchement ? Pas grand-chose. Je connaissais déjà la ville après y avoir passé quelques mois dans le même club, il y a deux ans. Il y a pas mal de centres commerciaux, c'est agréable. Les gens y passent tout leur temps lorsqu'il fait froid. Il n'y a personne dehors. C'est à l'opposé de la Guadeloupe, de la chaleur, mais c'est la vie d'un sportif. On est obligé de pas mal bouger et on ne choisit pas forcément les endroits les plus ensoleillés.
L'an passé, lors de votre retour en NBA, à Minnesota, vous aviez déjà eu à gérer un froid polaire...
C'était encore pire qu'à Moscou ! Au quotidien, il faisait près de - 30°C. Lorsque je suis parti de Minnesota mi-avril, à la fin de la saison, il y avait même une tempête de neige ! Mais l'avantage, à Minnesota, c'est qu'il y a des tunnels qui relient tous les immeubles, toute la ville et tous les transports. On n'a pas besoin de sortir et on peut y passer l'hiver. La situation géopolitique entre l'Ukraine, l'Europe et la Russie est très tendue.
Ressentez-vous cette tension ?
À l'entraînement, il y a toujours la télé allumée. Mais tout est en russe et je ne comprenais pas trop. Finalement, j'ai appris tout ça grâce à des amis et à ma famille qui m'ont contacté. C'est vrai, c'était chaud, mais je ne me suis pas focalisé là-dessus. Il y a quelques jours, on devait partir en Ukraine, à Marioupol, pour y jouer un match. Mais la veille, à 23 heures, on nous a envoyé un message pour annuler. On le disputera à domicile en avril.
Y avait-il de la ferveur à Moscou pour les JO de Sotchi ?
Les gens étaient à fond ! À l'entraînement, tous les Russes regardaient les épreuves. Mais je n'ai pas vraiment suivi. En plus, chez moi, je n'ai aucune chaîne française, anglaise ou américaine à la télé. Je suis obligé de suivre tout sur Internet et je me sers de mon ordinateur pour regarder des films ou des séries.
Vous ne vous êtes pas encore mis à la langue russe ?
(Rires) Ça ne m'intéresse pas. Je pourrais essayer, mais je ne vais pas finir ma carrière ici. Je ne pense même pas retourner en Russie. J'aime bien voyager, j'aime changer de club et découvrir d'autres choses. D'autres préfèrent passer plusieurs années dans un même club, mais c'est ma façon à moi de profiter de la vie.
Vous menez une vie de globe-trotter...
Exactement. J'ai ma copine, mais on ne vit pas ensemble, on n'est pas mariés et je n'ai pas d'enfants. J'en profite un maximum pour découvrir le monde.
Donc en septembre, on vous retrouve dans un nouveau pays ?
Non, c'est terminé (il rigole) ! À 31 ans, je recherche la stabilité. À la rentrée, je me vois bien en France, en Espagne ou en Italie. Mais toujours à 2 heures de vol de Paris. Si j'ai une belle proposition en Pro A, pourquoi pas.
On parle justement de la création du PSG Basket. Pourriez-vous y signer cet été ?
J'en ai entendu parler. Ça fait deux ans que c'est dans l'air, mais pour le moment, rien n'a été fait. C'est un projet intéressant, surtout avec l'invitation pour participer à l'Euroleague. J'ai envie de rejouer cette compétition. Mais je n'ai encore rien décidé.
Après votre retour aux États-Unis l'an passé, rêvez-vous encore de la NBA ?
Je n'y pense plus vraiment. Surtout, ce n'est plus ma priorité. Je ne privilégierais pas forcément un club NBA à un autre, en Europe, qui dispute l'Euroleague. J'avais quitté la NBA sur une blessure, un aléa de la vie d'un sportif. Mon but était d'y retourner. Je l'ai fait.
En championnat, avec votre club du Khimki Moscou, vous êtes invaincus. Êtes-vous satisfait de votre saison ?
Je ne connais pas mes stats (6,6 pts, 2,5 rbs et 1,3 passes, NDLR) mais après une première partie de saison pas mal, c'est plus difficile. En décembre, je me suis déboité le petit orteil et pendant un mois, j'étais indisponible. Puis, j'ai été malade pendant une semaine. Il me faut du temps pour revenir petit à petit au niveau. Malgré notre élimination en 8ème de finale de l'Eurocup, que le club voulait décrocher, l'équipe tourne bien. Je dois me remotiver. Il n'y a pas de système de jeu mis en place pour moi, je dois souvent me contenter des contre-attaques. Mais je ne me plains pas.
Était-ce compliqué de se remettre dans le bain, en septembre, après l'euphorie de l'Euro ?
Ce n'était pas facile. Pendant les deux ou trois premières semaines, j'étais très fatigué. J'ai enchaîné avec le Khimki trois jours après le retour en France. Je n'avais plus d'énergie. D'ailleurs, je tombe souvent sur les photos de l'Euro. On a vécu des moments inoubliables. Je me les remémore souvent.
Serez-vous présent cet été pour le championnat du Monde en Espagne ?
Pour le moment, je ne sais pas. C'est du 50-50. J'ai toujours dit oui à l'équipe de France, mais je n'ai pas eu de repos depuis un long moment, surtout que notre championnat ne se termine que le 16 juin. Je verrai en fin de saison, selon mon état de forme. Parfois, il faut écouter son corps. Mais c'est sûr, je ne veux pas détruire tout ce qu'on a construit. Pas mal de jeunes ont gagné en maturité et ce pourrait être l'occasion de les incorporer dans le groupe.
La France pourrait finalement organiser une partie de l'Euro 2015 suite aux problèmes que traverse l'Ukraine. Qu'en pensez-vous ?
C'est une bonne idée. Depuis plus 10 ans, on bataille aux quatre coins de l'Europe. Rien n'a été organisé en France. Notre génération le mérite. Ce serait un rêve et ça ferait du bien au basket français. Il manque un tel événement pour séduire les jeunes.
Par Romain SCHUÉ (Agence de presse ALP)