ITW Fabien Causeur : "Il nous manque un peu de chance en Euroleague"
Arrivé l'été dernier après quatre années à Vitoria, Fabien Causeur réalise un bon début de saison avec Bamberg. Dominateurs en championnat, les Bavarois sont plus loin en Euroleague mais jouent yeux dans les yeux avec les meilleurs. Pour BeBasket, l'ancien Choletais revient sur cette entame et sur sa nouvelle vie en Allemagne.
Ses dirigeants l'ont fait venir en Bavière avec un double objectif : conserver le titre national, et garantir ainsi la place de l'équipe en Euroleague, mais aussi franchir un cap sur la scène européenne. Pour l'instant, la première partie du contrat est en bonne voie puisqu'après 14 matchs, Bamberg pointe en tête de la Bundesliga avec 13 victoires pour un seul revers. Une défaite concédée dimanche dernier sur le parquet d'Ulm, le dauphin. Une piqûre de rappel pour Fabien Causeur (1,95 m, 29 ans) et ses coéquipiers, qui se baladaient jusqu'à présent en championnat (18,5 points de plus que leurs adversaires en moyenne).
"On est complètement passé à côté de notre match, admet l'arrière tricolore. Personne n'a été bon dans notre équipe. On était sans énergie, sans réaction dans la difficulté. Je pense qu'après la victoire au Maccabi Tel-Aviv (mercredi dernier en Euroleague), on s'est un peu relâché. Bien sûr il y a le voyage, la fatigue, mais je pense que c'est surtout ça : l'équipe s'est relâchée, et Ulm en voulait plus que nous. Peut-être qu'on s'est cru un peu trop beau avec notre série de 13 victoires, et derrière on en paye le prix fort. Mais ce n'est pas non plus catastrophique, il n'y pas de quoi s'alarmer. L'équipe est assez intelligente pour se remettre rapidement au travail. La saison est encore tellement longue."
Le champion va tout de même devoir vite retrouver ce qui fait sa force car un autre choc se profile, avec le derby à Bayreuth, le 26 décembre. "Même pas le temps de digérer la dinde", sourit le joueur formé au Havre. Et la force de Bamberg, c'est d'abord un collectif homogène au possible. En championnat, le meilleur scoreur de l'équipe, Darius Miller, est à 10,4 points de moyenne par match. Et huit joueurs tournent à plus de 7,4 points de moyenne. L'écart est un peu plus grand en Euroleague, mais la richesse de l'effectif permet au coach italien Andrea Trinchieri de faire tourner et d'équilibrer les temps de jeu. Fabien Causeur est d'ailleurs le joueur qu'il utilise le plus en Bundesliga, avec moins de 24 minutes de moyenne pour 10,1 points, 3,3 rebonds, 2,3 passes décisives et 10,6 d'évaluation.
Un joli collectif dans un championnat de solistes
En Allemagne, si Ulm, le Bayern et le le Medi Bayreuth sont armés pour les embêter, l'écart de niveau avec les autres équipes est parfois immense, concède le Brestois.
"C'est un championnat où il y a de très bonnes individualités mais certaines équipes n'ont pas vraiment de structure de jeu. On a rencontré beaucoup de formations où il y a un joueur très fort qui score beaucoup. Après collectivement, il y a trois-quatre équipes qui sont bonnes. Les autres, si on est solide en défense et si on suit le plan de jeu, on arrive à gagner les matchs assez facilement. C'est un championnat physique, avec beaucoup de joueurs très athlétiques, un peu comme la Pro A. Mais c'est sûr que ce n'est pas l'Espagne (où il a évolué quatre saisons avec Vitoria). En ACB, chaque équipe a un fond de jeu très travaillé, c'est ça la grosse différence."
Si l'équipe domine son championnat (8 titres depuis 2005), elle n'a pas encore réussi à franchir un palier en Euroleague (7 participations depuis 2005, 3 fois qualifiée pour le Top 16). Avec seulement trois victoires pour huit défaites, les Bavarois traînent en queue de peloton cette saison, avec un Fabien Causeur moins tranchant (8,3 points, 3,2 rebonds et 1,7 passes 9,2 d'évaluation). Le bilan comptable n'est pas bon, mais dans le jeu Bamberg confirme l'embellie aperçue l'année dernière (première saison avec un bilan positif, éliminé de peu à l'issue du Top 16). Si l'on excepte le revers à Kaunas, Causeur et ses coéquipiers ne s'inclinent que de 2,6 points en moyenne.
En Euroleague, des défaites sur le fil
Le Fener, le Darussafaka et Barcelone ne l'ont emporté que d'un souffle. Le CSKA ne s'est imposé qu'au buzzer. Il ne manque donc pas grand-chose enrage l'ancien Havrais.
"Il nous manque un peu de chance pour transformer ces défaites en victoires. Parce qu'en fin de match on se crée de bons tirs, mais parfois ça ne rentre pas. A l'inverse, notre défense est souvent bien en place mais on encaisse des tirs impossibles. Ce qui nous manque, c'est un petit coup de pouce de le chance, et derrière à nous d'être plus solide sur 40 minutes. Souvent, on commence mal le match, on prend 10 points, et ensuite on doit faire de gros efforts pour revenir. C'est sûr qu'on est déçu et un peu frustré de ces défaites. Maintenant au Maccabi (victoire 85-70), où c'est toujours compliqué de s'imposer, on a prouvé qu'on avait les ressources pour gagner ce genre de matchs. La saison régulière est encore longue. Si on remporte trois matchs de rang on peut vite revenir à la dixième place. Cette année, le niveau s'est encore resserré. A part le CSKA qui est au-dessus, tout le monde peut battre tout le monde."
Titulaire inamovible au côté de l'expérimenté meneur Nikos Zisis, Fabien Causeur a réussi son adaptation au jeu, mais aussi à la vie en Bavière. Bamberg, 73 000 habitants, est niché tout au nord du plus riche Land allemand, à 70 km de Nuremberg.
Une ville au rythme de son équipe
C'est un havre de paix bâti sur des collines verdoyantes. Dans cette citée aérée, riche en maisons bourgeoises et en monuments historiques, le basket est roi : une personne sur douze est à la salle les soirs de match (6 200 spectateurs de moyenne pour les rencontres d'Euroleague). Une salle dont la chaude réputation grandit en Allemagne et en Europe.
"Ici, il n'y a que le basket et tout le monde est derrière l'équipe, confirme le Français. La salle est plus petite que la moyenne en Euroleague, mais les fans sont très proches du terrain, beaucoup plus qu'ailleurs. Ça donne l'impression d'être dans un chaudron et je pense que c'est très dur pour l'adversaire. En ce qui concerne la vie ici, j'ai été très bien accueilli. Dès les premiers jours, comme c'est une petite ville, les gens m'ont très vite reconnu dans la rue. Mais ils ne sont pas embêtants, au contraire, on les sent parfois timides pour venir demander des autographes ou des photos. Moi je suis quelqu'un de très ouvert sur ça donc ça se passe toujours très bien. C'est une ville très belle, malgré le froid qui est arrivé. Dès qu'on a un jour off, j'aime bien aller me balader avec ma compagne, et je me plais bien ici. J'ai aussi visité Munich, Francfort. Je découvre le pays petit à petit et c'est une belle expérience."
S'il poursuit sur sa lancée, l'ancien capitaine de Vitoria pourrait bien être appelé en Bleu l'été prochain, en vue de l'Euro 2017. Mais pour le moment il refuse de se projeter. La retraite de Tony Parker a peut-être libéré de l'espace sur les lignes arrières, "mais la concurrence est rude, souligne-t-il. On a vu l'énorme bataille entre Edwin Jackson et Rodigue Beaubois dimanche !" Un retour en équipe de France serait en tout cas une belle récompense pour lui qui a raté les deux dernières campagnes à cause de blessures.
En vidéo : Ses 19 points contre Barcelone
(Source : BeBasket)