Mai 1999. Finale de la Coupe de France. Éric Micoud s’écroule sur le parquet de Bercy, le tendon d’Achille de la jambe gauche partiellement rompu. Cinq mois ont passé et la saison a commencé sans lui. Le meilleur shooteur de l’équipe la saison dernière réapprend à courir et à sauter. Eric apprend surtout à être patient…

Où en es-tu physiquement à ce jour ?

J’avais encore un peu mal ces derniers jours. Aujourd’hui, ça va mieux(entretien réalisé le 15 octobre). La douleur n’a pas complètement disparu mais j’ai recommencé à trottiner et à travailler au niveau de mes appuis.

Et sur le plan moral ?

C’est la première fois que je me blesse aussi gravement et c’est surtout très frustrant de ne pas jouer pendant si longtemps, de rester au bord du terrain à ne rien pouvoir faire… C’est aussi pour cela que je me suis un peu écarté de l’équipe depuis quelques semaines. Je m’entraine seul avec le préparateur physique, Nicolas Fonteneau. Il est là pour me motiver, pour m’aider à me concentrer sur ma préparation physique.

En quoi consiste précisément ce travail ?

Il s’agit en fait du travail de pré-saison que les gars ont fait cet été. J’ai 2 ou 3 kilos superflus à perdre. Les scéances de shoot que j’ai recommencé très tôt ne me faisaient pas assez transpirer ! Et j’ai surtout besoin de courir pour retrouver de l’endurance. L’objectif est d’être à 90% de ma condition physique le jour où ma douleur au tendon aura complètement disparu.

Avec les résultats mitigés en début de saison, le public a tôt fait de déplorer ton absence…

Cholet Basket n’a jamais reposé sur un seul joueur ! Le coach l’a souvent dit et cela s’est souvent vérifié. A partir du moment où tout le monde joue ensemble, le collectif s’installe et les victoires reviennent très vite. Ce n’est pas mon retour qui changera tout. Là où je pense apporter, c’est dans une rotation supplémentaire et peut-être avec mon tir extérieur lors de certains matches. Mais je ne suis pas indispensable et l’équipe peut très bien tourner sans moi. C’est aussi cela qui est dur…

Ton retour est programmé pour quelle date ?

Précisément, je ne sais pas. A plusieurs reprises, je me suis fixé des échéances : fin septembre, puis mi-octobre, maintenant fin novembre… Ce n’est pas un truc à faire. Il faut que je bosse physiquement sans trop me poser de questions. Puis je reprendrai l’entraînement avec les gars, et ensuite la compétition proprement dit. Mais j’ai encore besoin de temps. Je ne veux pas revenir pour faire plaisir à l’équipe et ne rien lui apporter.

Est-ce-que cette situation a changé quelque chose dans ton approche du basket ?

Forcément. On se rend compte que sur une blessure beaucoup de choses peuvent s’arrêter. Cela fait réfléchir. Le jour où je me suis blessé, j’ai vu ma carrière terminée ! Heureusement, c’est loin d’être le cas mais j’ai eu très peur. Alors, j’apprends la patience. Je n’ai jamais été quelqu’un de très patient (Eric rigole) mais il n’y a pas d’autres solutions. Etre patient et travailler dur.

Et dans ton approche du jeu ?

Il est trop tôt pour le dire mais ces longues semaines passées au bord des terrains m’ont permis d voir les choses différemment. Je crois que c’est intéressant pour ma vision du jeu et du basket. Mon approche des matches sera la même mais mon jeu sera peut-être plus sobre, plus tactique…