Focus sur Gary Florimont
« Au début, à 12 ans, je détestais le basket. Ce n'était pas mon choix. Je préférais les sports de combat, le judo, le karaté. Et le club était loin de la maison. Il fallait que je prenne le bus. Mais je devais obéir. Le pédiatre avait dit à ma mère que le basket, c'était mieux pour développer ma cage thoracique, pour soigner mon asthme… »
Le jeune Gary Florimont est un gosse heureux. Il grandit paisiblement dans son village guadeloupéen de Gourbeyre, à trois minutes en voitures de Basse Terre, entre le lycée et la maison de ses parents. Un foyer modeste, où rien n'est de trop pour faire le bonheur des enfants. Seul ombre au tableau, cette fichue maladie qui altère la vie de Gary. Il a de l'asthme, depuis tout petit. Le médecin consulté est formel : il faut que Gary fasse du sport pour développer son volume pulmonaire. Et le mieux, c'est le basket. Le toubib trouve auprès des oncles du jeune garçon des alliés de poids puisqu'eux, justement, jouent au basket. Les dés sont jetés. Gary prend la direction des paniers. « Je suis basketteur sur ordonnance. » Évidemment, ça fonctionne mal. « J'était grand déjà, 1.84m, mais un peu pataud. Un peu sauvage, aussi. Le courant ne passait pas entre moi et mes coéquipiers issus de familles plus aisées que la mienne. Ils étaient branchés, portaient les bandeaux à la Michael Jordan ou en référence à la NBA, des maillots, des chaussures de marques à la mode. Ils me trouvaient ringard. J'avais vraiment beaucoup de mal à m'intégrer dans ce sport que je découvrais à 13 ans alors qu'eux étaient dedans depuis l'âge de 6 ans. »
C'est un supplice pour lui d'aller à l'entraînement le mercredi et le samedi. Pourtant, il persévère. Et son père enfonce le clou l'été suivant en lui offrant son premier ballon à l'occasion des vacances scolaires. Un super beau ballon, noir et rouge, avec la tête du taureau des Chicago Bulls. « Je jouais sur le véranda, contre les murs. Je n'avais pas de panneau, mais je dribblais. Ce ballon était là en alternative aux devoirs de vacances. Et il a tout changé ! »
À la reprise de la saison, Gary se sent mieux sur le parquet. Il sait où se mettre et progresse, progresse. Les regards qui se posent sur lui sont désormais différents. On lui propose d'intégrer le Pôle Espoirs de la Guadeloupe. Le « grand » est blessé, il est le joueur de la situation. Et ça marche. Il est inscrit en sport-études aux Abîmes, à l'autre bout de l'île. Tout va bien. Il y reste deux ans, y apprend les exigences du sport de haut niveau. Il progresse et grandi encore, obtient sa sélection en Équipe de Guadeloupe et s'en va faire une tournée en Martinique, en Guyane… Gary cartonne. Il vient ensuite à Lyon, son premier voyage en métropole, pour le tournoi Inter-Zones, et s'affirme. À 15 ans, il est alors l'un des meilleurs de l'équipe, qui ne compte que deux Guadeloupéens. Et il est repéré. Des dirigeants de Cholet se montrent intéressés : « Ils sont venus chez mes parents, en Guadeloupe, pour me recruter et ils ont réussis à les convaincre de laisser leur petit gamin de 1.94m. Je me suis retrouvé sur les bords de la Loire ». Un nouveau grand bonheur va commencer. « J'ai rencontré là-bas des garçons qui sont des amis à vie. Mickaël Gelabale, Rodrigue Beaubois (aujourd'hui au Mans et qui nous a passé 36 points dernièrement), Nando de Colo. On formait un groupe extraordinaire. On a fait les quatre cents coups. Les plus belles années de ma vie … Quand je les ai vu en NBA, j'étais super fier. » Gary Florimont reste quatre ans à Cholet. Il signe son premier contrat pro et a la possibilité de prendre un billet pour les États-Unis. Mais il avoue avoir eu peur de partir. Il signe donc pour Poitiers (ProB), ses premières années, deux ans, hors du cocon Choletais, le temps de gagner en 2006 le Championnat de Pro B, avec final à Bercy.
Commence alors pour lui un long périple, de club en club, à travers la France. Nantes, Charleville, où il rate de peu le coach Antic, puis Évreux deux ans, Rouen un an, et le CCRB.
« Une vraie chance ! J'y découvre la ProA. C'est le coach Antic qui m'a contacté et m'a proposé de venir. J'ai dit oui tout de suite. J'aimerais bien re-signer dans ce club qui se structure bien. Un club qui a de l'envie et s'en donne les moyens. »
Gary Florimont est devenus Chalonnais d'adoption. Il y vit avec sa compagne, d'origine Oranaise, et leur petite de 9 mois, Naïla, un prénom qui signifie bonheur et générosité en Arabe. Toute sa vie, c'est le basket -« Je suis un compétiteur, j'aimerais apporter davantage. J'ai envie de plus… »- et sa famille, en Guadeloupe qui lui rend visite de temps en temps. Lui, y est retourné en décembre dernier, avec une autorisation spéciale du club. « Pour voir ma grand-mère, une dernière fois. »