Cholet a fait sa mue
Cholet a réussi sa mue
Délesté à l'inter-saison de Beaubois et De Colo, draftés en NBA par Dallas et San Antonio, Cholet, aujourd'hui leader de Pro A, s'est joliment reconstruit. Simple question d'habitude...
PARFOIS, la vie est faite de jolis raccourcis. En 1988, Antoine Rigaudeau, adolescent alors âgé de seize ans et demi, faisait ses premiers dans l'équipe fanion de Cholet sur le parquet de la Meilleraie.
La même année, à des milliers de kilomètres de là, en Guadeloupe, île ou des certains... Jim Bilba et Mickäel Gelabale virent le jour, naissait Rodrigue Beaubois, diamant créole pôli et façonné depuis à la mode choletaise. Et quelques mois avant que l'ancien (et furtif) vice-président du Paris Basket Racing, adoubé plus tard "Roi" par les Italiens lors de son passage au Virtus Bologne au début du siècle, ne se fasse une place au soleil dans le paysage français de la balle orange et en devienne le meilleur joueur des années 90, Nando De Colo, l'un des derniers fleurons de l'équipe des Mauges, voyait le jour à Sainte-Catherine (Pas de Calais), à quelque centaines de kilomètres du Pays de la Loire.
Cette histoire de la fin des années 80, c'est celle d'un éternel recommencement, décennie après décennie, pour le club choletais. Une famille dont les plus beaux joyaux s'envolent tour à tour sous d'autres cieux mais où le vivier formateur de joueurs, lui, reste bien ancré en l'état. Et bien que la sous-préfecture de Maine et Loire, reconnue pour sa fabrication de mouchoirs rouges, les ait sorti à chaque départ de l'un de ses enfants chéris, son public a aussi souvent eu l'occasion depuis le début de la saison de les agiter pour accompagner les succès des siens.
Car Cholet n'est ni plus ni moins, après six journées, leader de Pro A avec cinq victoires au compteur. Oubliée la frustrante neuvième place de la saison dernière où les choletais moururent à une encablure des play-offs, enfouie au rayon des tristes souvenirs la douloureuse finale d'Eurocoupe perdue de deux points (75-77) contre... le Virtus Bologne (tiens, tiens, comme on se retrouve), le vainqueur de la Semaine des As 2008 hisse aujourd'hui haut et fort le drapeau "rouge et blanc" sur le toit du championnat.
Simple trouble-fête ou réel prétendant ?
Pourtant, avec les départs à l'inter-saison de Rodrigue Beaubois et Nando De Colo, ses deux leaders, happés par la NBA et sa draft, à Dallas pour le premier (chosi en 25ème position, donc avec un contrat garanti, par Oklahoma Thunder avant d'être transféré aux Mavs) et à San Antonio pour le second, même si les Spurs, pour lui permettre de s'aguerrir, l'ont envoyé pendant deux saisons à Valence, en Liga ACB, Cholet abordait ce nouvel exercice un peu dans l'expectative. Car même si les Américains Antywane Robinson et Randal Falker, à l'image de l'international français Claude Marquis, restèrent fidèles à la maison, un lot d'interrogations accompagnait la nouvelle campagne des hommes de Erman Künter. Mais autant dire que les réponses ne tardèrent pas à fuser. Au cinquième de la saison régulière, Cholet est leader avec une équipe où tout le monde défend (meilleure défense de la ligue avec une moyenne de 68,5 points encaissés par match), où Falker prend des rebonds (2ème de Pro A avec 9,1 prises par rencontre) et shoote à bon escient (72.4 % de réusssite à 2 points !), où "la puce" John Linehan, vu par le passé à Paris, Strasbourg et Nancy, intercepte (1er avec 3 steals par match), score (13.3 pts), distribue le caviar (4 passes) et avec sa taille (1m75)... prend des rebonds (4 en moyenne), où Robinson rend une feuille de stats propre (15.3 pts et 4,2 rebonds), et où le dominicain Mejia, accompagné du lituanien Eitutavicius et des tricolores Causeur, Marquis et Larrouquis font le métier. Le tout dirigé par le charismatique turc Erman Künter, surnommé "le Malin du Bosphore" et réputé pour sa science de la défense.
Alors, Cholet Basket, simple trouble fête ou réel prétendant au titre cette saison? Les semaines à venir apporteront un premier élément de réponse sur le potentiel, avéré ou non, de l'équipe des Mauges. Sur le terrain en tout cas, car concernant la formation, cela fait bien longtemps que les choletais ont démontré le leur.
Nouveau test samedi soir face à Strasbourg, match à 20H salle de la Meilleraie.
Jérôme MORIN - Journaliste