Aux origines des Champions d'Europe : Ruddy Nelhomme (Entraîneur Adjoint)
Parce qu'ils ont un jour empoigné une balle orange, leur destin a basculé. En retour, ils ont changé la face du basket français en écrivant cette année sa plus belle page. Les douze champions d'Europe et leurs trois entraîneurs sont nés dans le basket pour la majorité. "Ils sont l'expression de notre milieu" résume Jacques Monclar. Découvrez leurs débuts dans ce sport "très famille".
Ruddy Nelhomme - Le Gwada
- Racines : Aucun lien famillial. «C’est un ami qui m’a fait essayer le basket. Nous sommes la première génération qui a commencé à voir des matches NBA en direct, les Larry Bird, Magic Johnson… La passion est venue de là.»
- Autres sports : «A l’origine, j’avais une passion pour le foot, j’étais avant-centre. Mon père y jouait et m’emmenait avec lui.» Il a aussi fait du hand à l’école et du 1500 m.
- Débuts : «Tard, à treize ans, en minimes, à Ban-é-Lot. Notre entraîneur nous a fait passer un an sans faire de matches officiels, juste pour apprendre. La seconde année, on était champions de notre catégorie…»
- Première sélection : «J’ai fait partie de la première équipe Guymargua (Guyane, Martinique, Guadeloupe). On était partis faire un tournoi à Lyon.»
- Profil : «Devenu au fil des ans, un bon joueur de Nationale 2, j’ai vite compris que je ne pourrais pas aller plus haut.» Ruddy Nelhomme s’est alors tourné vers le coaching et est devenu un des rares sportifs originaires des Antilles qui ait réussi dans ce secteur au plus haut niveau. Il en tire une vraie «fierté» même s'il affirme : «Je ne me suis pas arrêté sur mon origine, je n'essayais pas de prouver quoi que ce soit. Mais alors que la Guadeloupe est souvent associée à des notions d'insécurité ou de criminalité, on est tous fiers de représenter notre île et de montrer une belle image, de réussite.»
- Le témoin Gérard Gustarimac, son premier entraîneur : «Je l'ai vu pleurer»
«Les gens ne le savent pas mais jeune, Ruddy était un intérieur scoreur. C'était aussi un très bon défenseur. Il faisait son boulot, déjà, et se battait pour gagner sa place. Ça a toujours été un mec bien, qui savait ce qu'il voulait. On a passé deux ans ensemble à parcourir l'île dans une vieille Peugeot 404 camionnette. On partait avec des croissants et des glacières pour aller jouer nos matches.
La première année, on n'était pas inscrit dans un championnat, on ne faisait que des amicaux. La deuxième année, on a balayé tout le monde. On a perdu juste un match contre l'Etoile de l'Ouest. Ruddy avait la fièvre, il était malade mais avait joué quand même. Après la défaite, je l'ai vu pleurer. En cadets, on a remporté la Coupe de Guadeloupe en gagnant au passage un match 204 à 7. Puis il est parti vers Poitiers.
Je me rappelle de quelqu'un de simple, tranquille, réservé, qui ne s'extériorise pas trop. Même après la victoire à l'Euro, d'ailleurs. Il dit souvent qu'il a pris ça de moi et c'est vrai que je suis comme ça. Quand je gagne, je considère qu’on a fait notre travail, que ce n'est pas la peine de s’extasier. Ce qu'il a réalisé nous rend tous très fiers.»
(Source : L'Équipe.fr)