ITW Éric Girard : « Le plus dur est derrière moi »

13.05.2013

Arrivé en mars 2012 au Portel, Éric Girard fait l’unanimité au sein du club et a réussi cette année à ramener le club en playoffs au terme d’une saison régulière pleine. C’est à l’aube de la confrontation contre l’ALM Évreux qu’il revient avec nous sur son aventure avec l’ESSM, son combat contre le cancer et l’avenir de son club.

Un an après votre arrivée, quel bilan tirez-vous de votre année au Portel ?

Quand je suis arrivé l’année dernière, le club était un peu en alerte puisqu’il faisait partie de ces équipes favorites à la descente. L’objectif était clair, il était de laisser le club en Pro B. Ce n’était pas un pari infaisable puisqu’il y avait déjà un groupe intéressant et on a obtenu le maintien de façon plutôt rapide. Et quand on joue le maintien l’année précédente, on ne peut pas dire que l’on joue le titre l’année suivante ! Le président Yann Rivoal a été très intelligent, il m’a dit que les supporters et les partenaires avaient perdu un peu d’enthousiasme et qu’il fallait redonner du plaisir à la salle Damrémont, et quand je vois les ambiances qu’il y a eu, ainsi que les nombreux déplacements organisés, où à chaque fois 2 à 4 bus se déplaçaient, je pense que cet objectif a été atteint. Après, à Noël, vu le nombre de victoires que l’on avait, le maintien était de nouveau quasiment acté donc, compétiteur comme nous sommes tous, nous avions derrière un objectif caché qui était de redonner les playoffs au club. Au final, notre 7e place ne reflète pas notre saison, nous avons été entre la 3e et la 5e toute la saison avant de connaître une période de moins bien.

Comment expliquez-vous justement ce coup de moins bien qui vous a vu redescendre à la 7e place ?

Peut-être qu’il y a pu avoir une certaine pression chez certains. Une pression compréhensible qui s’explique par une exigence de travail que l’on a mis, que beaucoup n’avaient peut-être pas l’habitude d’avoir depuis quelques années. Les gars ont toujours répondu à l’intensité qu’on leur a demandé de mettre, et il n’y a pas un jour où à la fin de la séance avec Fred (Munch) on s’est regardé et l’on s’est dit « C’était vraiment une séance de merde ça ! ». Inconsciemment, peut-être que certains ont baissé le pied et cela pourrait expliquer des matchs où l’on a un peu explosé physiquement et où l’on a plus été dans nos standards défensifs.

Comment voyez-vous votre confrontation contre l’ALM Évreux ? Le Portel a-t-il une belle carte à jouer ?

Ce n’est pas un mauvais tirage pour nous. Bien sûr qu’on a une réelle chance, ça c’est clair et net. Maintenant, tout ce qui va arriver ce sera que du positif. Nous avons des finances qui sont saines, avec des dirigeants qui anticipent énormément les choses et qui restent ambitieux par rapport à leur club. J’ai assez l’habitude de cette fin de saison ou de ces playoffs pour vous dire que l’on efface tout et qu’il n’y a pas de traumatisme ébroïcien pour les Portelois.
Il faut que l’on arrive à jouer notre jeu, c’est-à-dire défendre, chose que nous n’avons pas réussi à faire sur certains matchs et je ne crois pas aux choses qui sont trop orthodoxes, donc il va falloir tenter des choses. J’ose dire des gens qui ne tentent rien que ce sont rarement des gens qui vont bien loin. Nous n’avons pas aujourd’hui forcément les moyens et l’effectif pour se dire « on va jouer les yeux dans les yeux avec Évreux et on va gagner en deux matchs ». À partir de là, il faut tenter des choses et montrer des choses différentes (répétition). C’est un nouveau championnat qui commence et il faut vraiment y croire, les joueurs sont bien, on vient de faire un stage à Calais (le match contre Évreux aura lieu dans la salle Calypso à Calais) pour s’habituer encore plus à cette salle car aujourd’hui, il faut rappeler que nous n’avons pas de salle et que nous sommes dans des conditions qui sont assez compliquées. Nous sommes quand même la seule équipe en France à être dans ces conditions-là et ça, c’est quand même un vrai point négatif pour l’équipe.

Qui voyez-vous aller au bout lors de ces playoffs de Pro B ?

Autant dans le passé il y avait des équipes qui dominaient, autant cette année, si l’on demandait à chaque coach son pronostic, les votes ne tendraient pas à 90% vers une équipe ! Aujourd’hui il peut y avoir une belle surprise. J’espère que ce sera Le Portel.

Comment envisagez-vous les perspectives de développement du club avec cette nouvelle salle qui va arriver ?

Actuellement, les joueurs n’ont pas de vestiaires, ni de salle vidéo. Le maire de la ville Laurent Feutry fait le maximum en faisant en sorte que l’on soit au moins à égalité avec les clubs les moins bien structurés en attendant la nouvelle salle.
Dans le sport de haut niveau, personne ne me contredira là-dessus, il y a le sportif, où nous sommes dans une situation mauvaise, où l’on s’entraîne dans une autre salle que celle des matchs qui fait que l’on a l’impression de jouer à l’extérieur à chaque journée, et la deuxième chose c’est qu’une équipe se fabrique sur le terrain, mais vit dans les vestiaires. Et nous, nous n’avons pas de lieu commun où les joueurs, avant et après l’entraînement, peuvent se retrouver, discuter, chahuter, raconter des conneries. Il n’y a aucun lieu de convivialité et arriver à former un groupe comme nous avons réussi à le former c’est quelque chose d’énorme. Les joueurs arrivent, se préparent dans les tribunes et repartent sans prendre de douche. On se croit un peu au Moyen-Âge !

Un mot sur votre combat contre le cancer des cordes vocales. Comment allez-vous aujourd’hui et comment avez-vous vécu cette période ?

À un moment donné de la saison, il y a eu trop d’Éric Girard, peut-être au détriment des joueurs. Et je crois que, comme je l’ai toujours dit, la star n’a jamais été un joueur ou un coach, mais l’équipe. Cela n’a pas toujours été simple pour moi et pour l’équipe, et je connais beaucoup d’équipes et beaucoup de joueurs qui auraient profité de cette période-là pour être moins intenses, et même quand je n’ai pas été là, et que Fred (Munch) et François (Sense) ont pris la direction de l’équipe au pied levé, l’équipe a continué de suivre la philosophie que l’on avait dictée ensemble en début d’année.
Je dirais que le seul problème que j’ai eu fut le manque d’adaptation de certains arbitres qui sont restés dans l’application pure et dure de leur règlement en ne prêtant pas attention à mon manque de communication que je ne pouvais pas avoir ni avec mes joueurs ni avec eux. C’est arrivé plusieurs fois et je suis assez triste pour eux de voir que certains arbitres n’ont jamais été capables de s’adapter par rapport à mon problème.
D’avoir ces résultats-là avec les absences de joueurs, de blessés, comme tous les clubs ont, et en plus de l’entraîneur, c’est assez fantastique. Maintenant, le plus dur est derrière moi et derrière nous, et je tiens vraiment à remercier tous les gens qui m’ont, d’une manière ou d’une autre, envoyé un message d’encouragement. Cela a été énorme, je n’ai pas pu répondre à tout le monde, mais c’était vraiment impressionnant.

L’avenir maintenant, comment voyez-vous votre équipe l’an prochain ? Quel type d’équipe aimeriez-vous avoir ?

Nous avons 4 joueurs sous contrat (Armand Charles, Charles-Henri Bronchard, Benoît Mangin, Mathieu Bigote) et on aimerait garder une grande partie de l’effectif actuel. Un joueur comme Sherman Gay est un des joueurs que l’on souhaite garder tout comme Darnell Wilson. Mais après ce sont des joueurs qui ont envie de plus en terme de niveau de jeu ou au niveau financier et nous ne pourrons pas faire ce que l’on ne peut pas faire. Il faut voir les faiblesses que l’on a cette année pour les compenser l’an prochain. Ainsi, j’ai vu des faiblesses dans le domaine du rebond, dans notre capacité à être régulièrement adroit et parfois eu du mal à défendre sur les gros pivots américains que j’aimerais combler pour la fin de saison et l’an prochain.

Vous qui avez connu l’ambiance des salles de Pro A pendant de nombreuses années, comment jugez-vous le public portelois, un public réputé comme étant un des meilleurs de France ?

C’est vrai que j’ai eu beaucoup de chances dans ma carrière puisque j’ai toujours été dans des clubs avec beaucoup de supporters (Cholet, Strasbourg, Limoges,…). Ici, c’est un vrai plus que d’avoir ce public. Ce qui m’a vraiment surpris à mon arrivée, c’est que malgré de mauvais résultats, je n’ai jamais entendu de sifflet, jamais entendu une critique ouverte pendant le match, les gens sont toujours à fond derrière leur équipe et cette qualité-là, elle est énormissime et il faut en cela les remercier.
De voir les 3-4 bus lors de chaque déplacement c’est du jamais vu pour moi! Limoges le faisait, mais uniquement lors des phases finales ou sur des derbys. Là, c’était sur tout les matchs dans le coin et même en semaine. Tout cela montre bien que Le Portel mérite le respect de tout le monde, autant que n’importe quel club et j’ai l’impression, moi qui vient de l’extérieur, que ce club n’est pas respecté par les instances, par les arbitres, voir par les médias, de la façon dont il devrait l’être.

(Source : catch-and-shoot.com)

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