Mickaël, deux ans après votre médaille d'argent en Lituanie, où situez-vous l'équipe de France dans la hiérarchie à moins d'une semaine du début de l'Euro 2013 ?

On est à la fois favori et outsider. Disons que le grand favori, c'est l'Espagne. Ils sont champions, ils ne s'occupent pas de nous. Nous, on est là justement pour les faire tomber. On va tout faire pour y arriver, quel que soit le chemin. Il faudra aussi qu'on fasse attention à d'autres équipes parce que dans un Euro, il y a toujours des surprises. Tout peut se jouer à n'importe quel moment. Je pense que ça sera ouvert pour tout le monde.

Le fait d'avoir encore perdu contre les Espagnols lundi dernier à Montpellier, cette fois d'un point (84-85), ne risque-t-il pas de décupler votre "haine" envers eux ?

Non, ça s'est quand même apaisé entre nous. Quand on est arrivé à Madrid la semaine passée, Rudy Fernandez est venu me dire bonjour et me serrer la main. J'étais moi-même surpris... (les deux joueurs s'étaient accrochés à Bercy lors d'un match de préparation avant les Jeux Olympiques 2012, ndlr). Ils ont vu qu'à chaque fois qu'on allait les jouer, ça allait partir en cacahuètes dont ils se sont calmés, et nous aussi. Après, si ça doit repartir en vrille, ça repartira... J'espère juste que si on joue un troisième match contre eux cette année (à l'Euro), ça sera la bonne. Parce que le dernier, on l'a vraiment laissé passer...

A titre personnel, vous semblez libéré depuis le début de la préparation. Est-ce qu'avoir déjà trouvé un club pour la saison prochaine vous a soulagé ?

Je pense, oui. C'est la première année où j'arrive en équipe de France en ayant déjà signé (au Khimki Moscou, ndlr). Dans ma tête, je suis bien. Avant, je ne me prenais pas vraiment le chou non plus, parce que je n'attendais pas d'avoir trouvé une nouvelle équipe pour essayer de bien jouer. Mais bon, c'est vrai que cette année, je n'ai pas à me soucier de ça. Je peux vraiment me concentrer à 100% sur mon jeu pour faire des bonnes stats."Parfois, je me sens vieux".

Derrière les deux leaders offensifs que sont Tony Parker et Nicolas Batum, êtes-vous satisfait de votre rôle, de votre place dans cette équipe ?

Ma place à moi, c'est dans le corner... (Il sourit) Il y a déjà Tony et Nico à l'extérieur, Boris (Diaw) touche aussi la balle à l'intérieur et me la ressort assez souvent. Il faut vraiment que le jeu soit alterné. Moi, je prends ce qu'on me donne. Ça met un peu de pression parce que je n'ai pas beaucoup de tirs à prendre. Si je rate le peu que l'on me donne, je sais que j'en aurais moins ensuite. Mais je n'y pense pas.

En fait, quand tu es sur le terrain, tu ne te dis pas: "Est-ce que je vais le rater ou pas ?"

Quand tu shootes, c'est pour marquer. Sur le terrain, en match ou à l'entraînement, c'est un peu chacun pour soi.

Mickaël Gelabale, en tant que cadre, est-ce que vous vous dites que ce championnat d'Europe peut-être votre dernière chance de gagner un titre ?

Oui, je commence à ressentir la fatigue, le poids des années. Parfois, je me sens vieux. Cette année, j'ai eu trente ans. L'année prochaine (au Mondial), ça sera chaud. Il y a la nouvelle génération qui arrive et il faudra bien lui laisser la place un jour, pour que l'équipe de France puisse se reconstruire. Donc on verra. Je me suis déjà dit que c'était peut-être ma dernière campagne parce qu'on ne sait jamais. Je peux très bien me blesser la saison prochaine.

Justement, ces jeunes qui poussent, que pensez-vous de leur intégration dans l'équipe ?

Ça se passe très bien, on n'a même pas eu besoin de les briefer. Ils se sont bien intégrés au groupe. De toute façon, ils n'ont pas le choix: quand tu arrives en retard ou que tu n'as pas le même polo que les autres, c'est 20 euros d'amende ! Après, sur le terrain, en match ou à l'entraînement, c'est un peu chacun pour soi.

(Source : CanalPlus.fr)